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Les murmures de mon amie Pénélope
Posté par: Le Debdoubi (IP enregistrè)
Date: 31 août 2007 : 02:15

Pascale! Je suis avec toi.

Si mon amie darlett le permet, je placerai sur Darnna quelques murmures de mon amie Pénélope que j'ai séléctionnés et que j'ai jugé utiles de partager.
Je pense que mon amie Pénélope ne va pas s'y opposer.

"Le sommeil ne veut pas de moi, l’oubli non plus et la mort encore moins. Seul un immense silence, terrible de solitude m’offre un peu de sa compagnie. De ces silences qui vous laissent sans voix et sans voie. Je me suis perdue dans un monde où la rencontre joue des airs de sincérité mais où les mots masquent le visage perfide du mensonge : j’ai vécu le mythe de la rencontre virtuelle, le mythe de l’histoire d’amour écrite avant que d’être vécue. J’ai cru et je n’aurais pas du.

Cette immense toile, ramifiée comme les racines d’un chêne centenaire, délivre l’espérance à grand coup de sites fabriqués, pour que ceux qui n’avaient aucune chance de se croiser, se trouvent enfin, enfin croient se trouver.

Les espaces dédiés à l’approche amoureuse ne manquent pas, ils pullulent, ils vantent à qui mieux mieux leur efficacité, certains offrant des pourcentages d’affinités, d’autres des services de mise en contact. Certains se disent gratuits, d’autres le sont vraiment. Mais pour combien de temps ? Ils font tous commerce de la misère affective, de la quête désespérée d’une âme sœur, d’un cœur complice. Mais tous ils oublient de raconter comme il est facile de mentir, d’endosser des personnages fictifs, de vivre plusieurs vies amoureuses, qu’elles s’ancrent ou non dans la réalité.

Dans un roman, que j’adore et dont je parlerai un de ces jours, les chiens racontent à la veillée comment l’homme a disparu de la terre. Tout leur questionnement est de savoir si l’homme est un mythe inventé pour expliquer la civilisation canine où s’il a vraiment existé. Ce roman date des années cinquante et évoque, en filigrane, ce qui deviendra un jour l’Internet. Disons que c’est ma lecture à moi de ce livre.

Et bien, plus j’avance dans la virtualité du monde, plus je trouve de ressemblances entre ce que je rencontre ici et ce livre là.

Nous sommes tellement devenus incapables de nous parler vrai que nous nous parlons virtuel. Nous sommes tellement devenus libres de tout que nous nous permettons tout, y compris de mentir, à soi, aux autres, en toute impunité, comme s’il était normal d’exister sur plusieurs plans en taisant à tout prix ces divers niveaux d’existence.

Et nous sommes rentrés de plein pied dans la facilité : facilité de zapper l’autre, facilité de lui mentir, facilité de passer à autre chose, les personnes étant devenues des choses virtuelles, des suites de mots, des descriptions anonymes.

Quel intérêt représente donc, dans cette facilité virtuelle, les concepts que sont la vérité et la sincérité ? Rien probablement où alors les traces d’un monde révolu, l’atypique espérance d’êtres, comme moi, qui pensent possible de construire une relation univoque et sans équivoque. Je me sens bête à manger du foin d’avoir cru possible d’aimer et d’être aimée en retour.

Je viens de comprendre à quel point il est facile d’abuser de la naïveté d’une qui croyait qu’aimer suppose de dire, de se dire, de donner, de se donner. Je viens d’apprendre que la règle des jeux de l’amour relèvent bien plus du hasard malheureux que d’une recherche heureuse. Je viens de me surprendre à m’abandonner dans des bras qui se refermaient sur moi, de temps à autre, mais qui devaient pouvoir se refermer sur d’autres corps, dans la vraie vie ou non, cela importe peu. Ces bras qui se referment enferment aussi dans le mensonge.

Je viens de toucher du doigt l’immense vanité de croire que l’on peut se rencontrer, se trouver, se reconnaître au hasard de quelques lignes échangées. Je viens enfin de perdre mes illusions : il est si facile d’entretenir de multiples histoires aujourd’hui. Bizarrement, je ne suis pas jalouse, je m’en fous complètement que « mon homme » puisse jouer au séducteur du web. Mais l’insupportable pour moi, c’est le non-dit, le mensonge, toutes ces stratégies qui vous amènent à quitter vous même vos contacts, votre profil, alors que l’autre, lui, s’arroge le droit d’exister encore et surtout d’exister en douce. Je n’ai même pas eu à vérifier, j’ai senti, j’ai entendu, j’ai su. L’Homme est un animal, et ce qui n’est pas verbalisé, ce que d’aucun appellent le « non verbal », me parle bien plus que tous les mots, toutes les missives du monde, que tous les serments balancés comme on balance un os à un chien.

Je jouerai donc dans la cour des grands de ce monde virtuel là, avec les mêmes règles et les mêmes trahisons. Je serai multiple, changeante, instable, et surtout prudente. Je ne donnerai plus mon amour. Je me garderai bien précieusement pour un qui saura le cadeau qu’est un amour gratuit et sans faux-semblant. Je l’offrirai un jour à un qui saura que mentir c’est déjà trahir. Qui saura qu’il vaux mieux ne rien dire que d’entretenir les illusions d’une petite femelle aimante, comme moi."

Pascale! oû es-tu?

Le Debdoubi

Les murmures de mon amie Pénélope
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 29 février 2008 : 23:09

Je decouvre seulement maintenant ce texte et ces reflexions passionnantes concernant le virtuel et la realite.
C'est si juste de pouvoir analyser cette nouvelle realite, si fictive dans laquelle nous pouvons plonger grace au net ; se transformer en un tour de main et quelques passages rattrapes avec habilite ici et la, en ecrivain talentueux, ou alors, oublier son age et modifier son profil afin de l'adapter a une petite minette de 16 ans, voire meme moins ! Circuler dans le monde et adopter d'autres cultures, tout en restant chez soi ; multiplier son personnage en apparaissant ici et la, sous des identites multiples, etc... telles sont les possiblites nouvelles qui nous permettent de "rentrér de plein pied dans la facilité : facilité de zapper l’autre, facilité de lui mentir, facilité de passer à autre chose, les personnes étant devenues des choses virtuelles, des suites de mots, des descriptions anonymes"

Tres tres interessantes ces reflexions, cher ami Debdoubi, et il me semble que cela aurait ete une bonne chose qu'elles soient poursuivies.



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