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Les grands libertins de l'Islam et analyse du monde musulman moderne
Posté par: Le Debdoubi (IP enregistrè)
Date: 01 juin 2007 : 02:27

Bonsoir.




De 740 à 1200 après Jc, de Bagdad à Cordoue, d’Abou Nawas à Ibn Rochd, un vent de liberté a soufflé sur le monde musulman. Les pouvoirs n’étaient pas plus libéraux qu’aujourd’hui, mais le foisonnement culturel et l’amour de la vie forçaient le destin.

Un million d’habitants, 70.000 juifs, des salons littéraires où l’on se déclare ouvertement impie, une vie nocturne mouvementée, des houris et éphèbes dans des maisons offertes à la luxure, des tavernes où le vin coule à flot… Où sommes-nous ? A Bagdad, à fin du VIIIème siècle (IIème de l’hégire).
Treize siècles plus tard, on en est vraiment loin. à l’époque, Bagdad, à peine récupérée par la dynastie des Abbassides, est en ébullition. Dans le métissage qu'offre la ville médiévale, de plus en plus de poètes et de philosophes, quoique musulmans dans l’âme, prônent le droit de "disposer librement de leur corps et de leur esprit". Une longue tradition de libertins est née. Une histoire tortueuse s’ensuit. La parenthèse ne sera refermée définitivement qu’au XIIIème siècle, à l’autre bout du monde musulman, à Cordoue précisément, sous l’impulsion de fuqaha orthodoxes, relayés par la bigoterie des Almohades à Marrakech.

En tentant, sept siècles plus tard, de revisiter cette parenthèse de scepticisme et de liberté, le philosophe égyptien Abderrahmane Badaoui s’est voulu optimiste : "Les mouvements sunnites et salafistes prennent la religion au mot. Ils constituent des moments de crise dans la vie spirituelle des musulmans. Dès que la communauté s’en sera débarrassée, elle pourra reprendre son évolution normale". Ce n’est pas encore le cas. Mais rien ne nous empêche, comme lui, de revisiter cette période où des individus libres ont bravé les interdits, profité parfois d’îlots de tolérance ou subi les pires persécutions.

"Si tout cela a été possible à l’avénement des Abbassides, c’est parce qu’il y a eu d’un côté l'émergence d'un art d'écrire, voire de transgresser et, de l'autre, un laisser-faire des politiques qui ne cédaient pas toujours à la pression des fuqaha", estime l’écrivain Abdelfattah Kilito. Nous sommes, alors, à une époque où tout est encore possible. Les Omeyyades viennent d’être chassés du califat. L’alliance des mécontents fait arriver, pour la première fois des Perses aux postes de pouvoir. Il s’ensuit un métissage ethnique et intellectuel sans précédent. Bref, le cadre est adéquat pour la liberté de pensée. Libertin de la première heure, le poète Bachar Ibn Burd est l’exemple même du Perse pro-arabe. Il reçoit des femmes chez lui deux fois par semaine pour leur lire ses poèmes réputés sages et impudiques à la fois, évoquant leur intimité tout en flattant leurs sens. "à l’époque, même à Médine et à la Mecque, bastions de la vie religieuse, les odes à l'amour d’un Omar Ibn Abi Rabia, sont déclamées dans l’enceinte de la mosquée par un grand exégète du Coran", rapporte Driss Belmlih, spécialiste de la littérature abbasside. à Bassora, il y a alors un souk permanent où les plaisirs de la chair et du palais sont exposés au public.

Les califes, des despotes éclairés, soufflent tout de même le chaud et le froid. Al Mahdi, par exemple, nomme un certain Abdeljabbar, vigile de l’orthodoxie religieuse contre les hérétiques. Il mène la vie dure aux écrivains qui se déclarent ouvertement immoraux. Son successeur Al Amine, en revanche, reçoit dans sa cour le plus subversif des poètes, Abou Nawas. Celui-ci y loue "la luxure comme mode de vie festif auquel tout le monde a accès". Le vin, l’éloge de l’homosexualité, tout y passe dans un langage plaisant. Mais tous les sérails n’ont pas la même tolérance à l’égard des écrivains à la moralité ou à la croyance douteuses. Ainsi en est-il d’Ibn Al Mouqaffaa, mazdéen converti à l’islam malgré lui. Même s’il juge dans ses écrits l’autorité religieuse arbitraire, il met ses opinions en sourdine. Son problème était de sortir indemne de la compagnie du prince.

Nous sommes au milieu du IXème siècle. Un foisonnement culturel est initié à Bagdad par le calife Al Mamoun. En créant Dar Al Hikma (Maison de la sagesse, composée d'une bibliothèque et d'un centre de traduction), il permet un accès plus facile aux cultures persane et grecque. La porte est grande ouverte pour des débats sans fin sur l’unicité de Dieu, la genèse du monde et bien d’autres problématiques de haute volée. Mais face aux politiques qui ouvraient les portes de la culture, les oulémas veillaient au grain. "Même si les écrivains les plus athées voulaient braver les interdits, ils cherchaient souvent le meilleur moyen de s'en sortir sains et saufs", explique l’orientaliste Léo Strauss.
Prenons le cas du philosophe muâtazilite Al Jahidh. Il écrivait toujours ses textes en forme de dialogues pour ne pas être pris au mot.
Le philosophe Al Farabi, quoique rationaliste, ne disait-il pas que "la conformité avec les opinions de la communauté religieuse dans laquelle on a été élevé est une qualité indispensable pour la survie du futur philosophe ?" Mais tous les penseurs libres n’étaient pas aussi prudents. Ibn Riwandi, théologien et muâtazilite radical, pour ne citer que lui, n’y va pas par quatre chemins. Vers 860, il rejette ouvertement la révélation divine et refuse qu’un prophète, Mohamed en l’occurrence, veille par ses enseignements sur l’organisation de la société. Résultat, il est attaqué et persécuté par ses contemporains. Ses livres disparaissent subitement de la circulation. Trente ans plus tard, Sarkhassi, un élève du philosophe perse Al Kindi, est emprisonné puis tué en prison par le calife Moâtadid.

Quel a été son tort ? Il faisait partie des épicuriens qui croyaient en Dieu et non en ses messagers. Pour lui, "Mohamed est un mythomane".

Ces répressions n’ont pas empêché Mouhiedine Arrazi, penseur et médecin, de s’exprimer aussi ouvertement. Classé par Abderrahmane Badaoui parmi les athées de l’époque, il écrit, sans détours, que "la raison est l’unique lumière qui nous éclaire", que "Dieu n’est pas le seul éternel puisque la matière l’est aussi" et que "l’homme ne peut accepter de tutelle extérieure puisque sa réincarnation le renforce".

Si Arrazi l'a échappé belle, Al Hallaj, lui, a subi la loi des gardiens de l’orthodoxie. Poète inclassable, il s’est placé hors de l’islam rituel et s'est positionné "new age" avant l'heure (pour lui Dieu est en chacun de nous et non dans les textes). Résultat ? Il a été décapité.

Au Xème siècle, cette fin tragique est une exception dans l’univers des poètes. Ces derniers, quoique traités de zanadiqa (hérétiques) semblent plutôt tolérés. Aboul’âlaa Al Maari a beau s’en prendre aux oulémas, faisant d’eux les responsables de l’ignorance et de la corruption, il s’en sort indemne. Un certain Ibn Ouqaïl a beau le taxer de poète "ouvertement athée et secrètement musulman", le stoïque de Maara continuera son petit bonhomme de chemin.

"Si les auteurs passaient entre les mailles du filet, explique Kilito, c’est parce qu’ils avaient un art d’écrire, par allusion, par distorsion de style, en disant la chose et son contraire".
Ceci est tout aussi vrai pour Ibn Hazm. Ce poète aristocrate, libre, qui vivait à Cordoue, parmi les femmes, chantant leur amour et la beauté de leurs atours, avait également l’art de ne pas dire ouvertement tout ce qu’il pense. Il a écrit, certes, un poème qui lui a valu une grande polémique. Il y dit : "jusqu’au ciel, me dit-on, crois-tu arriver ? / Oui, une échelle y monte et j’ai su la trouver".

Mais notre homme a l’art de cacher sa liberté de pensée. Il distingue, selon André Miquel, trois catégories de sceptiques. "Ceux qui doutent et préservent le fait religieux. Ceux qui doutent de tout sauf du Créateur. Et ceux qui ménagent autant Dieu que le prophète". Omar Khayyam, lui, doute tout court. Il trouve son plaisir dans sa capacité à tordre le cou aux idées convenues : "S’il existait un enfer pour les amoureux et les buveurs, le paradis serait désert", écrit-il comme pour inverser les valeurs édictées par les dévots.

L’astronome perse a traversé la vie en jouant à l’équilibriste entre croyance et jouissance. Il s’en sortira, à son tour, sans fracas.

Cette licence faite aux poètes libertins, l’islamologue Dominique Urvoy lui trouve une explication plausible. "Contrairement à la prose, la poésie (vieille tradition arabe) appartient à la zandaqa, non à la pensée. Elle peut servir de support à des attaques nominales ou à l’expression d’exaspérations personnelles mais pas de base idéologique à un mode de réflexion".
Tel n’est pas le cas des philosophes, le soufi Hamed Al Ghazali et le rationaliste Ibn Rochd, qui ont vécu en Andalousie au moment de son déclin. Le premier, quoique modéré, a vu brûler son livre initiatique, Al Mounqid Min Addalal (voyage dans le doute vers le soufisme), par le sultan almoravide Youssef Ibn Tachfine. Le second a vu des copies de ses manuscrits également brûlées suite à un conflit avec Abou al Abbas Sebti. Nous sommes alors à la fin du XIIème siècle. La fin d’une ère de liberté fluctuante. Le bûcher est allumé partout. Même à Bagdad. Envahi par les Mongols, le berceau des libertins musulmans a vu tout son patrimoine littéraire et livresque consumé et jeté dans l’Euphrate. Il ne s’en est jamais remis.

Source: Telquel.

Le Debdoubi







Re: Les grands libertins de l'Islam
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 01 juin 2007 : 07:03

C'est un excellent article et en effet, c'est interessant de connaitre ces reflexions et ce scepticisme religieux dans le monde musulman de la part de ces intellectuels, poetes et philosophes qui ouvertement remettaient en question le dogmatisme religieux de l'Islam.

Le monde arabo-musulman a dans son ensemble maintenu a la tete des divers pays, des dirigeants despotiques, autoritaires et peu enclins a la libre pensee avec la benediction des dirigeants occidentaux qui utilisaient a bon escient ces relations.

Dans la presque totalite du monde arabo-musulman, la pensee libre ainsi que les libertes d'opinions y sont comprimees voire interdites, mais avec cela, n'oublions pas qu'effectivement il y a eu un age d'or des sciences arabes et nous devons a des scientifistes arabes la decouverte de l'algebre et nos chiffres. C’est une civilisation qui a connu les gloires les plus eminentes et qui fut a la pointe du progres humain. Mais ce qu'il est interessant d'analyser c'est le pourquoi de sa chute.

Qu'elles sont les raisons du declin d'une grande civilisation ? Pour quelles raisons celle-ci aura periclitee ?

Pour le Maghreb, la periode des Almohavides et des Almohades a ete une periode negative puisqu'elle a destabilise la societe prospere alors, en amenant avec elle des reperes vieillis et des moeurs perimes. On a assiste a un veritable declin "par la sacralisation du droit d’un passé idéalise - le modèle de societe des anciens", au détriment d’un reajustement et d’une readaptation du droit aux nouvelles realités sociales."


"Ce n’est pas un hasard si la décadence du Maghreb intervient à l’issue de l’époque almohade. Ladite époque a représenté une période charnière. La société, en raison de ses remarquables avancées civilisationnelles, s’est transformée. Ses besoins ont radicalement changé par rapport à ce qu’ils étaient il y a quelques siècles. Dès lors, de deux choses l’une, ou bien le système juridique accompagne cette transformation en répondant aux nouveaux besoins de la société ; ou bien, ramant à contre-courant, tente de figer la société pour ne pas être dépassé et entraîne ainsi sa décadence. C’est la voie de la décadence, celle de la myopie, hélas, qui a été choisie. Et la décadence que nous observerons à l’issue de l’époque almohade sera d’autant plus aiguë que l’âge d’or des conquêtes territoriales touchait à sa fin. Les richesses matérielles se raréfiaient. Les lourds impôts se substituaient aux butins. Le savoir scientifique se rétrécissait. La liberté de pensée n’existe plus. Quelques réformes, parfois même importantes, verront le jour avec les mérinides et un peu moins avec les hafcides, mais ces réformes seront d’ordre structurel plutôt que des réformes de fond. Et autant dire que ces réformes contribueront à figer la société dans un moule duquel il sera difficile de sortir. Et, vu l’état de contraste dans lequel on découvre le Maghreb au XIXe siècle, on réalise qu’une incroyable fièvre de conservatisme s’est emparée de lui depuis des siècles. Alors même qu’il était loin d’être analphabète, il a pourtant atteint un état de décadence inouïe."

et encore

"qu’une fièvre de conservatisme si virulente s’est emparée du Maghreb dès l’époque des almohades. C’est même, en citant Abdallah Laroui, une authentique « idéologie de la conservation » [6]. Un art qui va faire de « la tradition […] une valeur propagée par l’enseignement, incarnée par une caste, revendiquée par le pouvoir politique. Culture et institutions soutiennent l’idée de tradition qui les fonde et les légitime. Déterminée ainsi par toute une structure sociale, la tradition reste sous la dépendance exclusive de celle-ci ; le contact avec ce qui lui est étranger ne la touche en aucune manière, quel qu’en soit le degré d’intimité »

un autre élément est également indispensable à tout régime qui aspirerait à la modernité politique : le pluralisme d’expression et de pensée, qui n’est que le reflet normal des diverses interprétations -forcément et toujours- plurielles des réalités sociales, politiques et religieuses. Or, pour cela, il faut un cadre approprié. Celui-ci devant avoir pour fonction la matérialisation de ce pluralisme.

Voici le lien duquel ces passages sont pris et il est interessant d'en lire l'analyse.


[astrubal.nawaat.org]






Re: Les grands libertins de l'Islam
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 01 juin 2007 : 07:09

Dans la deuxieme partie de cette analyse interessante, on peut lire :

"Parce que le développement de la Shari’â a été un processus profane, rien ne pouvait -et ne doit- justifier l’intemporalité de l’avis de tel ou tel théologien musulman, produit de son temps et de sa culture locale.

Et est-ce utile de rappeler ici aux musulmans une vérité coranique fondamentale : Dieu est unique, seule sa parole est sacrée. Tout musulman qui prêche un discours sacralisant la parole profane, commet le pire des péchés au regard de l’Islam : « el’chirqo bil’ouâhidû el ahad », l’association de l’homme à Dieu."



et pour soutenir ce que je disais plus haut :

"En effet, ce développement politique pourrait être effectivement plus rapide n’eut été le soutien des démocraties occidentales -soutien de plus en plus insupportable au regard des opinions publiques musulmanes- aux dictateurs de nombreux pays arabes"


[astrubal.nawaat.org]




Re: Les grands libertins de l'Islam
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 01 juin 2007 : 17:32

Pour continuer la reflexion au sujet du monde musulman et des raisons de ses "defaillances" civilationnelles, il y a sur le lien suivant une continuation a ces reflexions qu'il serait interessant de suivre :


Les «Etats défaillants» sont-ils à l’origine du problème ?


"Le politologue Timothy Garton Ash (TGA dans la suite du texte) a identifié six explications possibles aux remous qui affectent le monde musulman contemporain. Dans cette série de chroniques, Abdou Filali-Ansary se propose de discuter ces «explications» ainsi que leurs implications pour notre contexte politique et social. La présente chronique examine l’idée, ignorée par TGA, que les modalités de construction de l’Etat moderne ont eu un rôle déterminant dans l’évolution des sociétés musulmanes contemporaines.

L’expression «failed states» (Etats défaillants) est devenue très populaire dans le milieu des organisations internationales. Elle fait penser à des Etats incapables de délivrer ce qu’on attend d’eux, que ce soit le «minimum» que constitue le maintien de l’ordre public, l’administration rationnelle du territoire ou, à des niveaux plus élevés, les libertés d’expression, les institutions démocratiques, le respect intégral de la loi, la justice économique, etc."

Lire tout l'article sur

[www.lavieeco.com]




Re: Les grands libertins de l'Islam
Posté par: Le Debdoubi (IP enregistrè)
Date: 02 juin 2007 : 00:50

Bonsoir darlett.

Bravo pour ton intervention.

Pour lire l'article dans sa totalité et connaître ces grands libertins, suivez le lien ci-dessous.

[www.telquel-online.com]

Et voici un poème d'Abou nawass l'un de ces grands libertins.
Ne m'en voulez pas pour le caractère homosexuel du poème.


---------- Mieux que fille vaut garçon -----------

J'ai quitté les filles pour les garçons
et, pour le vin vieux, j'ai laissé l'eau claire.

Loin du droit chemin j'ai pris sans façon
celui du péché, car je préfère.

J'ai coupé les rênes et sans remords.
J'ai enlevé la bride avec les mors

Me voilà tombé amoureux d'un faon
coquet, qui massacre la langue arabe.

Brillant comme clair de lune son front
chasse les ténèbres de la nuit noire.

Il n'aime porter chemise en coton
ni manteau en de poil du nomade arabe.

Il s'habille court sur ses fines hanches
mais ses vêtements ont de langues manches.

Ses pieds sont chaussés et sous son manteau,
le riche brocart offre sa devine.

Il part en compagne et monte à l'assaut
décoche ses flèches et ses javelines

Il cache l'ardeur de la guerre et son
attitude au feu n'est que magnanime

Je suis ignorant en comparaison
d'un jeune garçon ou d'une gamine

Pourtant comment confondre une chienne qui eut
ses règles chaque moi et mit bas chaque année,

avec celui que je vois à la dérobée:
Je voudrais tant qu'il vînt me rendre mon salut!

Je lui laisse voir toutes mes pensées,
sans peur du mouzzin et l'imam non plus.


Le Debdoubi.


Re: Les grands libertins de l'Islam
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 02 juin 2007 : 08:37

Oui c'est magnifiquement ecrit ! Et pour libertin, il l'etait bien certainement.

J'avoue avoir un petit probleme avec l'homosexualite que je considere comme une deviation de la norme. Il ne me viendrait pas a l'idee d'interdire ni de deranger ceux qui aspirent a ce genre d'union mais disons que je ne suis pas parmi les adeptes les plus fervents de ceux qui apres le mariage oeuvrent pour l'adoption d'un enfant. Je considere qu'un enfant doit grandir dans une famille composee d'un pere et une mere et non entre 2 peres car c'est perpetrer ainsi l'union entre 2 personnes du meme sexe.

Mais la n'est pas notre sujet...

C'est interessant de lire et relire ces penseurs qui choisirent de douter et de ne rien prendre comme "verite absolue et immuable". Je crois que cela aurait ete d'un immense interet si il y avait un courant important dans le monde arabo-musulman qui librement engagerait des discussions theologiques en desacralisant totalement la pensee religieuse.

Re: Les grands libertins de l'Islam
Posté par: saadoun (IP enregistrè)
Date: 02 juin 2007 : 11:04

Il ya peut-être quelques observations à faire. C'est à Damas que ce que l'on appelle libertinage a commencé. Des califes omeyades se travestissaient la nuit et s'adonnaient aux plaisirs qu'il y ont découverts. Ledit libertinage n'en était pas un. Dans le terme il ya liberté, or ce que que faisaient les conquétants c'était une débauche de domination, une sexualité imposée aux vaincus. Il ya tout un pan de la littérature arabe dite libertine que les arabes appellent "Adab al Adyira" littératuere des couvents et des monastères. Les garçons de la caste dominante allaient s'amuser, boire et imposer aux novices , moines et bonnes soeurs leurs désirs de seigneurs.
Je ne récuse pas la belle littérature libertine. Je pense qu'il faut la remettre dans son contexte pour mieux la comprendre. A propos de la sexualité imposée aux Mawali, esclaves, clients ou convertis, il ya un ouvrage collectif éclairant: Conversions islamiques, Paris, Maisonneuve & Larose, 2001.

Re: Les grands libertins de l'Islam
Posté par: Le Debdoubi (IP enregistrè)
Date: 02 juin 2007 : 22:12

Bonsoir saadoun.

Merci d'avoir évoqué la belle littérature libertine des couvents-tavernes.

En effet, il faut la remettre dans son contexte pour mieux la comprendre.

Dans l’article consacré au dayr (couvent) dans l’Encyclopédie de l’Islam, Dominique Sourdel propose la synthèse suivante des informations livrées par les textes sur les relations du couvent et de la taverne:

"Aussi bien, les couvents chrétiens recevaient-ils de nombreux visiteurs musulmans attirés par les tavernes qui étaient généralement installées dans leur voisinage et où l’on pouvait acheter et boire du vin en toute liberté; leurs abords étaient souvent [...] des lieux de divertissement, voire de débauche. Ainsi s’explique que les couvents chrétiens soient si souvent mentionnés dans les poésies bachiques et érotiques et que maints récits fassent allusion à la conduite équivoque de certains de leurs occupants. Ainsi s’explique également que les auteurs musulmans leur aient consacré, au III/IX° et surtout au IV/X° siècles, des ouvrages entiers, recueillant les vers où ils figuraient et les anecdotes relatives aux personnages qui les fréquentèrent."

quand on lit le vers suivant dans sa version originale Arabe, son sens et sa portée sont plus grands.

"Ô nuits d’al-Matira, et d’al Karh, et de Dayr Sûsî, par Allah, revenez!
Vous étiez pour moi des parangons du paradis, mais sans l’éternité."


Le Debdoubi.







Re: Les grands libertins de l'Islam et analyse du monde musulman moderne
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 06 juin 2007 : 19:38

Comprendre le monde musulman

Apres la reflexion, quelle action ?



Il s'agit d'une serie d'articles parue sur "lavieeco.com" qui tentent, avec le polititologue Timothy Garton, de faire l'analyse du monde musulman contemporain. Voici donc le dernier :

Citation:
La première chose qui vient à l’esprit est que de gros nuages obscurcissent l’horizon intellectuel depuis quelques décennies. Des catégories très amples, telles que «islam» et «modernité », sont dressées dans des débats qui, encore une fois, et plus peut être que ne le pense TGA, en disent plus sur les convictions intimes des acteurs en présence que sur ce qui se passe dans le monde réel. Ce sont des idéologues, fondamentalistes de tous bords, islamistes et néoconservateurs, qui trouvent dans l’usage de ces catégories le moyen d’enfoncer leur clou, d’imposer les oppositions et de faire accepter les simplifications dont ils ont besoin pour conforter leurs positions.

et encore

Citation:
Maintenant le défi est peut-être plus grand : ce sont des mouvements idéologiques puissants, relayés par les médias, qui s’arrogent la parole sur les sociétés musulmanes. Le discours basé sur la recherche scientifique est confiné dans les cercles intellectuels et des milieux universitaires. La recherche en sciences humaines et sociales, quand elle se fait sérieuse, permet de balayer les oppositions, simplifications et préjugés de toutes sortes disséminés par les idéologues et relayés par les médias

et parmi toutes les explications evoquees dans les articles precedents, celle-ci parait toucher du doigt le probleme qui est, a la base, forcement economique :

Citation:
Parmi les six «explications» énumérées par TGA et celles qu’il a omises, celle qui désigne la privation comme source des crises du monde musulman contemporain paraît toucher un socle réel, mais pas dans le sens que lui donne TGA. Le problème ne vient pas tant des frustrations engendrées par le spectacle de l’opulence et des libertés (notamment au plan sexuel) dont jouissent les Occidentaux (que sait-il de ce qui se passe dans les sociétés musulmanes ?) que la misère matérielle produite par des politiques économiques désastreuses, combinée avec la misère intellectuelle produite par des politiques éducatives désastreuses.

Source : [www.lavieeco.com]







Re: Les grands libertins de l'Islam et analyse du monde musulman moderne
Posté par: saadoun (IP enregistrè)
Date: 07 juin 2007 : 18:21

La littérature dite arabe, dite libertine est, en effet,assez exceptionnelle et mérite plus que le respect. ma prudence de langage peut se justifier par la prépondérance des éléments non arabes parmi les animateurs les plus distingués de cette littérature. L'Islam mystique, au lexique duquel se référe un grand nombre des auteurs de ce genre a plus d'affinités avec d'autres religions qu'avec l'Islam .
Il est vrai que peu de poètes ont célébré le vin , le vent et le désert comme l'a fait Abu Nuwwas. Mais cette production n'était déjà plus en phase avec la culture dominante et la culture des masses.
cela continue de nos jours.



Re: Les grands libertins de l'Islam et analyse du monde musulman moderne
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 08 juin 2007 : 01:43

En effet, difficile d'etre epicuriste sans vin et en quelque sorte...sans femmes !



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