Rencontre avec les 4 doctorants
Hassan Khallaf de Demnate, Hassan Majdi & Abdellah Taifi de Marrakech & Arrik Delouya
Hassan Majdi est déjà doctorant inscrit en 2° Année à l’INALCO / Institut National des Langues et Civilisations Orientales de Paris-Clichy sous la direction de Richard Ayoun et avec la caution morale de Jacky Kadoch & Arrik Delouya.
Il est maintenant boursier du CRJM. Son sujet de thèse de doctorat : «Le culte des Saints et les pèlerinages des Juifs du Maroc». Le choix du sujet de Mr. MAJDI Hassan est important à un double titre, scientifique il impose une problématique qui semble propre principalement au Maroc, et secondairement à d’autres pays arabo - musulmans. Pourquoi en effet les juifs ont fait du Maroc un lieu d’élection d’une pratique curative et religieuse ? Qu’est ce qui est déterminant dans ce binôme, et pourquoi précisément au Maroc ? Il est juste que les Musulmans ont la même attitude, qu’est ce qui nous donne ce comportement, est ce la personne qui la pratique, son rapport à sa pratique religieuse, ou tout ceci à la fois combiné en territoire ?
Hassan vient d’envoyer un deuxième scientifique pour sa publication dans la Revue Brit. Il participera au Colloque de Cordoba et présentera une communication.
Nadiya Ziani a présenté à notre association (Permanence du Judaisme marocain) son sujet de thèse de Doctorat: « Résistance et persistance de la mémoire juive marocaine » validé par Richard Ayoun qui doit l’encadrer et diriger sa thèse à l’INALCO. Son initiative se veut apporter une modeste contribution à l’analyse de la question fondamentale, celle de « la résistance et de la persistance » d’une communauté vivante.
Elle a ressenti l’urgence de cette tâche lorsque nous avons découvert l’exemplarité que représente le Judaïsme marocain au niveau de la cohabitation qui unie pendant des siècles, les Juifs et les Musulmans du Maroc, avec des relations de voisinage de non-échec. Le modèle du Judaïsme Marocain fondé sur une expérience messianique et bien plus ancien que l’après inquisition. Nadiya pense que cette communauté qui vit dans le Sud Marocain depuis plus de 22 siècles est entrée aujourd’hui dans sa dernière phase: celle de collecter et de mettre en avant la mémoire à travers des récits, des anecdotes, des interviews dont la micro-communauté juive de Marrakech par exemple avec ses 175 âmes encore en vie. Mais ce qui l’intéresse plus particulièrement sont les bases et les fondements si solidement ancrés des traditions et des uses et coutumes mais aussi de la religion qui a toujours fait et encore plus aujourd’hui l’unité de cette communauté. A travers une réflexion du fonctionnement de cette communauté, on peut faire valoir aujourd’hui sa qualité, sa force et sa résistance à toute forme d’assimilation, la mémoire restera notre référence pour toute analyse.
Nadiya participera au Colloque de Cordoba et présentera une communication en binôme avec Hassan Majdi sur la mémoire juive marocaine brisée et retrouvée.
Abdellah Taifi travaille quant à lui sur le sujet de doctorat suivant : « Histoire et Mémoire des Juifs de Demnate : Traces d’une communauté disparue » sous la direction du prof. Richard Ayoun Inalco – Paris.
« Loin sont les jours où les juifs animaient notre Souika (petit souk) qui prospérait sous l’effet de leur géni commercial et artisanal » ce regret exprimé par un vieillard Demnati lors d’une discussion a été à l’origine de ce sursaut identitaire.
Retracer cette partie de notre identité, la confronter avec celle que détient toujours les marocains juifs de part le monde et, enfin dresser une sorte de référence de ce Moi pour l’enraciner et pourquoi pas le ramener seraient, parmi d’autres, les motifs vecteurs de son choix.
Avant d’être voyagiste il a longtemps été historien et homme de lettres. En cette qualité et avec une muette indignation, il demandait à une partie de son entourage de se vêtir en hommes bleus pour répondre aux attentes des touristes, ces derniers voulant à tout prix en rencontrer pendant leurs circuits dans le désert. A l’indignation, la frayeur prend place devant le constat, combien tragique, de nous voir défait de l’essentiel identitaire qui a été à l’origine de cet intérêt.
Si la disparition déplorable des hommes bleus explique sans justifier cette représentation théâtrale identitaire, en revanche rien ne saurait justifier à son sens ces visites guidées des mellahs en l’occurrence celui de la vile de Demnate.
On prend comme témoin des murs délabrés pour parler d’une partie de marocains qui, sans avoir disparus, continuent de vivre pleinement leur marocanité mais ailleurs.
Abdellah constate qu’une partie de son identité ne se reproduit plus alors que ses quelques derniers représentants risquent de quitter le pays ou le monde laissant par là un vide qui prévoit d’autres représentations, imitations... Tout aussi cruellement lamentables.
A travers son projet de recherche il tentera de trouver un écho favorable pour servir à la fois à la reconstruction de notre histoire, à un travail de mémoire ainsi qu’à un devoir élémentaire de justice. Des enquêtes qualitatives « papier crayon » et semi-directives vont aider à appréhender la population musulmane qui a cohabité à côté de la population juive disparue de Demnate. Mais il ira également en France et en Israël interviewer cette population juive encore vivante pour mieux étoffer son travail.
Rencontre avec
Khalid El Gharib dans sa Galerie à Marrakech. Le plus grand collectionneur d’objets d’art judaïques et musulmans de Marrakech.
Nous avons évoqué les colloques de Cordoba et de Marrakech pour sa participation & son soutien, entretiens multiples positifs, contact à cultiver pour le sauvetage du patrimoine juif au Maroc et dans le Sud.
.../...