Projet « Marrakech-la-Juive »
Compte Rendu de la Mission Humanitaire à Marrakech et dans l’Atlas du 6 - 13 Octobre 2009
Ce PV en deux langues (en hébreu et en français) a été établi par
Arrik Delouya & Shosh Wolf
Marrakech le 13 Octobre 2009
tous deux en mission sur le terrain
Préambule
Nos 2 associations de France et d’Israël en collaboration avec nos partenaires locaux marocains, juifs, musulmans et berbères ont bâti cette mission humanitaire à Marrakech et dans l’Atlas en 2 temps, du 6 au 13 Octobre 2009 puis en continuation du 13 au 29 Octobre 2009.
Les coaches de cette expédition étaient :
Pour Israël :
• Shosh Wolf, (née Amar à Fès et ayant immigré en Israël à l’âge de bébé) co-fondatrice et membre du bureau - directeur de l’association Zohar,
• David Or-Chen (Alias Ohnona, né à Marrakech ayant immigré en Israël à l’âge de 4 ans) co-fondateur et membre du bureau - directeur de l’association Zohar,
Pour la France :
• Arrik Delouya, Président des Permanences du Judaïsme Marocain et fondateur de Zohar
Pour le Maroc
• Hassan Majdi, futur docteur en Sciences humaines de l’Université Paris 8, membre co-fondateur des Permanences du Judaïsme Marocain
• Moha Oustouh, Docteur Ingénieur agronome et co- fondateur des Permanences du Judaïsme Marocain
• Jacky Kadoch, président de la Communauté Israélite de Marrakech-Essaouira et membre du Comité d’honneur des Permanences du Judaïsme Marocain
• Henri Assouline, Vice-Président de la Communauté Israélite de Marrakech-Essaouira et membre co-fondateur des Permanences du Judaïsme Marocain
Shosh Wolf est restée à Marrakech pour un complément d’Interviews sur place jusqu’au 29 Octobre 2009.
La mission comprenait 4 parties distinctes :
1 Robert Assaraf nous a conviés à un dîner sous sa soukka dans résidence de la Palmeriae. Le repas était de fête et la discussion a porté sur le sens de cette fête de soukkot et sur notre mission dans l’Atlas et à Marrakech.
Nos interviews ont porté d’abord sur 24 personnes de Marrakech, Ouarzazate et Goulmima d’obédience juives et non-juives. Puis une quinzaine d’interviews ont suivi, élaborés par Shosh. L’urgence même de ces interviews nous a poussés à récolter un maximum d’infos concernant la mémoire brisée, en éveil et reconstruite. On parle ici de la mémoire juive de Marrakech deux fois millénaire qu’il faut vaille que vaille sauver et sauvegarder et qu’enfin il faut mettre en lumière. Marrakech est passé d’une population juive de 35 000 âmes en 1945 à peau de chagrin aujourd’hui pour atteindre le chiffre de 135 personnes vivantes.
A cet effet, nos associations préparent 1 livre sur cette mission bien, vivante, avec des photos et des témoignages. De plus, il est question de faire un film sur cette mission.
L’accueil marocain de cette mission a été sans doute le plus riche et le plus émouvant jamais encore vécu.
Le groupe-cible approché a coopéré d’une façon très positive avec une ouverture émotionnelle et sincère.
Ces interviews ont contribué à nous rendre la mission efficace et de façon ordonnée.
Pour mémoire (synthèse d’Arrik)
Même si l'origine des premiers Juifs du Maroc reste obscure, le Judaïsme d'Occident Musulman puise ses propres racines dans un passé où, historiquement, ces Juifs sont le premier peuple non - berbère (Haïm Zafrani) vivant encore au Maghreb. Ce judaïsme est aussi le produit du terroir marocain où il a vécu pendant ces centaines d’années passées.
La communauté juive marocaine est l'une des plus importantes du monde arabe et les travaux de Daniel Schroeter et Yossi Chetrit en même temps que d’autres nombreux témoignages historiques attestent de la présence des juifs au Maroc bien avant l'occupation romaine. ous avons recueilli des preuves tangibles remontant au 17° siècle d’une Communauté Juive pré - romaine établie à IIigh vers 1620 venant d'Ifrane (l'Anti - Atlas sur demande du Roi d'Iligh.…) « …La population Juive y est apparue comme « un élément indispensable à l'activité commerciale à longue distance menée par la « Maison d'lligh. L'exode général des Israélites en 1958 et leur absence totale du « Tazerwalt rendent difficile une information directe sur l'histoire de ce commerce. La « découverte du cimetière Juif d'Iligh ouvre quelques voies intéressantes à la « connaissance de ce peuplement. Les pierres tombales Juives donnent une série « d'informations importantes : nom de famille, sexe, date précise de décès ; 332 « tombes ont pu être dénombrées. La première est datée de 1751 et la dernière de 1955. Le cimetière d'lligh conserve donc la mémoire des inhumateurs des deux « derniers siècles : 1800 : Peste et 1869 :
Choléra. Enfin, 1945 : Typhus etc. Les « prénoms lus sur les tombes ressemblent à ceux des autres régions du Maroc « (noms bibliques et arabes). Les Juifs d'Iligh ont été affectés par les mouvements et « les migrations qui ont touché le Maroc. La langue parlée est l'arabe dans une « région pleinement berbèrophone. .… » In. : Schroeter Daniel J. , Arrif A. & Van der Wuster H. : La Maison d'Iligh et l'histoire sociale du Tazerwalt. Casablanca, Ed. Seller, 1984. BG/R. Science Religieuse - Hagiographie - Histoire - Ethnologie – Structure Économique.
A propos de la présence de cette communauté au Maroc, on trouve plusieurs recherches qui expliquent les facteurs qui ont façonné la physionomie de villes marocaines et entre autre du IX° au XI° siècle la physionomie démographique de la Communauté juive de Fès : l'immigration
(arrivée massive des juifs d'Espagne, vivement encouragée par les Idrissides) ; l'exil (déportation des juifs sous les Zirides pour habiter le fort d'Achir en Algérie) ; et lespersécutions (instabilité constante de la ville sous le gouvernement des Zirides et mouvement anti-Juif). Ben-Sasson Menahem. In. : Mouvements de population et perceptions d'identité : Fès sous les Idrissides et les Zirides
Les “Toshabim” dont la présence deux fois millénaire étaient les juifs autochtones installés dans ces Gorges tandis que les juifs expulsés d'Andalousie en 1492 étaient connus sous le nom de “Mégorachim”, les dissidents, n’auraient pas dépassé la périphérie de Marrakech (Moulay Ighy, Zarkten…bien avant Ouarzazate.
Ces derniers importèrent leur culture raffinée au Maroc et formèrent de nombreux intellectuels
(juristes, talmudistes…) tels que Isaac Cohen Al Fassi, Maïmonide…
Les juifs furent de tous temps bien intégrés aussi bien par les populations pré-islamiques que par les différents sultans du Maroc. Le quartier juif « Mellah » étaient d'ailleurs le plus souvent construit près du palais royal d'où le sultan assurait la protection de la communauté. C’est ce que nous rencontrons dans l’Atlas tout au long de ce périple qui vient compléter les nombreux précédents.
« Il y a 40 ou 50 ans, bien peu de temps au regard de l'histoire, d'Aqqa à Debdou, du « cœur du Haut - Atlas, Tamgrout, le Todgha, lieu de la révélation du Zohar jusqu'à « Marrakech, Taroundant, le versant sud de l´Atlas, tourné vers le Sahara, prenant ses couleurs du désert : reliefs ocre et rouges entaillés de larges rivières alimentées chaque printemps par la fonte des neiges. Miracle de l´eau, l´homme s´est installé, et des jardins merveilleux entourent de véritables châteaux de terre aux couleurs des montagnes. Univers minéral et petits paradis où l´accueil et l´hospitalité berbères ne font jamais défaut (rajouté sur Google). Fès cité glorieuse de la spiritualité juive, sans oublier Salé, « Séfrou, petite ville du Moyen - Atlas (Sud-Est de Fès), surnommée la petite « Jérusalem, et les interrogations des Juifs marocains partagés entre le rêve d’une « terre promise et le souvenir d’un paradis perdu, partout des Communautés Juives « assuraient la tradition renouvelée de foyers d'une culture fortement originale. » SLOUSCH Nahum : In. : Les Juifs de Debdou. Paris, Revue du Monde Musulman .Vol. 22, N°2, 1913, pp. 221-269,
Ils étaient Installés au Maroc bien avant la conquête arabe ont connu une population dépassant les 300 000 âmes en 1945. Alors que pendant plus de deux mille ans ils ont fait preuve de cohabitation et de patience, leurs différents départs en vagues après 1948 (date de la création de l’Etat d’Israël) ont connu
• le choc culturel et social du protectorat français
• la politique antijuive de l'Etat Français de Vichy au Maghreb entre 1940-1943 : ses précédents, son application et ses effets, la vague antisémite qui a suivi en Afrique du Nord dans les années quarante, faisant subir aux Juifs Maghrébins l'une des tragédies les plus sanglantes de leur histoire (Michel Abitbol)
• L’indépendance du Maroc
• le facteur colonial viciant les relations entre Juifs et Musulmans biaisant par là-même les structures socio - politiques du Maroc. Ces détériorations vont se multiplier jusqu’en 1967 après la Guerre des 6 jours au Moyen-Orient.
Aucune seule âme ne vit aujourd’hui au Sud après la ville de Marrakech ou dans l’Atlas. Ils étaient pourtant les trois quarts de cette communauté à vivre dans l’Atlas lors du dernier recensement après la seconde guerre mondiale.
De nos jours, les juifs marocains vivent essentiellement dans les grandes villes du Maroc et leur
communauté est très active tant du point de vue économique que culturel. Ils sont très attachés à leurs institutions le Rabbinat, les associations culturelles, de bienfaisance, sportives…, les cercles, les établissements éducatifs: Ittihad, Ozar Hatorah-Neve Shalom, Habad...
• Goulima
Parmi nos priorités rappelons nos visites dans certains cimetières juifs anciens :
* Goulima, cette ville comporte environ 10 000 personnes au pied du Moyen-Atlas tout à côté du
Petit-Atlas, à 50 Km à peine d’Errachidia et à 80 Km d’Erfoud et de la frontière saharienne. Sa population majoritairement berbère est composée d’intellectuels d’u haut niveau, vivier de ce Maroc heureux, de grandes personnalités dans la hiérarchie des positions, avec 2 cimetières juifs berbères datant de plus de 5 siècles. La population de Goulmima est respectueuse des sites juifs anciens et sa demande à nos associations porte sur une collaboration et une coopération sur les sites anciens dont la garde sera prise en charge par elle-même et la restauration par nous-mêmes. Il faut rappeler que ces deux cimetières n’ont pas d’enceinte et n’en n’ont pas besoin. Notre visite a également eu lieu au Mellah peuplé autrefois jusqu’en 1965 de juifs avant le grand départ pour Israël. Ce Mellah reste aujourd’hui très propres et bien entretenu. Nos partenaires rencontrés étudient avec attention la possibilité de sauvegarder ce patrimoine. Nous n’avons observé qu’une seule et unique frange de porte de maison juive ancienne indiquant un Magen David. La 3° partie de ce périple à Goulmima concerne la demande de nos amis Berbères en vue de lancer un « avis de recherche » en israël. Ils souhaitent retrouver leurs amis qu’ils n’ont jamais connus et qui ont partagé leurs salles de classes: Isso, David, Moshé, Pnina….afin de les retrouver même si le déplacement en Israël serait utile et nécessaire à cette fin.
Le Mellah de Goulmima par Ali Sékou Ouidani partenaire rencontré à Goulmima
Cette photo qui représente la porte du Mellah de Goulmima Ksar et qui est presque en ruine, si elle pouvait vous conter son histoire elle vous récitera d’abord ce ver de poésie juive berbère par lequel les habitants ancêtres de Bahdidou, Doudou Khaimi,Ichou Laâlou commençaient leur ahidouss : .
A Targua Ni Goulmimen Zaid Aman
Adssoune Iaârimen Tigmarine
Elle vous racontera tout de Taquarfiite « drague » et de ces échanges entre amoureux au bord de la seguia ou Targua quand les jeunes filles viennent la fin d’après-midi remplir d’eau leur gargoulettes. Cette eau qui symbolise la prospérité et la fécondité pour les habitants du ksar Elle
vous dira aussi comment Biha symbole de la femme juive berbère s’habille et se maquille pour accomplir cette tache quotidienne en vous récitant ce ver plein d’admiration qui lui est dédié:
Assag Tada Biha A taguem Amane
Tssilouass i Oughnass Tg Izrirane
Elle vous dira aussi que Moshé ne laissait jamais passer une telle occasion sans dire sa tamadiazte qui fustigeait toutes les Aicha autrement dit les femmes musulmane du ksar en leur chantant le poème suivant :
Awi Hane Awale Ign Awal Hane Awal !
A Tamgharte Tama N’Tamgharte A Laâlou Nid Mouka ! ! Hane Awal
Awi Hane Awale Ign Aoual Hane Awal !
A Likhra Awid Achouari Aâmart Sid Aicha ! ! Hane Awal ! !
Awi Hane Awale Ign Aoual Hane Awal !
Elle n’oubliera certainement pas de vous rappeler que toutes ses festivités se déroulaient dans une ambiance de tolérance et de pleine cohabitation les Inachaden aussi bien de la communauté juive que musulmane participaient par leurs poèmes et leurs joutes oratoires laissant de coté tout ce qui ne touche pas à leur vie quotidienne et à la prospérité de leur palmeraie ;
Si vous souhaitez connaître un peu plus des traditions des ait morghade, elle vous parlera longuement de Takarfiyte et vous dira ceci : Takarfiyte représente l'ensemble de propos qu’échangent deux prétendants au mariage durant toute la durée qui précède les fiançailles. Cette pratique tolérée par les parents de la fille permet aux futurs époux de mieux se connaître et s'apprécier Les moments de ces rencontres sont les après midi ou à l’occasion de mariages de circoncisions ou d’ Igoudade Les moments les plus propices sont Après la prière de l'Aâsr quand la fille se rend aux champs pour faucher la luzerne, la fin de l’après midi quand elle se rend remplir d’eau de source son Aklil ou encore lors de la lessive hebdomadaire au bord de l'oued
La première approche est du domaine du soupirant et il n'est pas nécessaire d'avoir déjà connu la fille ni sa famille pour entamer avec elle la discussion sa coiffure permet de connaître son statut civil et de savoir s'il s'agit d'une jeune fille ou d'une femme mariée évitant ainsi aux jeune homme de courtiser une femme mariée. Quand la jeune fille est accompagnée de sa mère ce qui est souvent le cas lors de la coupe de la luzerne, la maman s'arrange pour rester un peu à l'écart afin de ne pas gêner le couple dans sa discussion tout en jetant de temps à autre; un regard furtif vers les deux » tourtereaux » Le père lui n'interviendra pas durant cette phase ; et si par hasard il lui arrivait de surprendre sa fille en pleine discussion, il fait semblant de ne rien voir en continuant son chemin, leur évitant ainsi toute gêne.
Les discussions portent sur toutes les choses de la vie et peuvent toucher à tous les domaines sans jamais tomber dans la vulgarité, sachant que le principal objectif de Takarfiyte est de se connaître et se choisir mutuellement en tant qu'époux et personne ne souhaiterait que des dépassements soient permis avec sa future épouse. Chez les Ait Morghad l'acte sexuel n'est pas permis avant la nuit de noces. La durée de Takarfiyte varie selon les cas. Elle peut ne durer que quelques minutes si la fille a déjà un soupirant dans ce cas elle le fait savoir au jeune homme, qui " ira chercher ailleurs " ou si lors des premiers échanges des divergences apparaissent. Dans le cas contraire les fiançailles interviennent après quelques mois de " drague " ne dépassant guère une année.
Après vous avoir tout dit de Takarfiyte elle vous parlera de "Tiskriwine (circoncisions) et des chants de femmes qui accompagnaient la maman de l’enfant circoncis pour tremper le roseau dans la seguia, après que le grand maâlem Lahcen Oujilala ait d’un geste précis débarrassé tabaloute de l’enfant de son " chapeau " ! Si vous insistez pour qu’elle vous en chante quelques vers, elle commencera son récital par :
N’zourk a sidi Rbi, N’zourk awa gagh lkhir
Rbi tfi baba khéyi Rbi tfi baba khéyi
Issamid wouzal i ourba, Issamid wouzal i ourba
Adig amghar adi tanbad I takbilte a sidi Rbi
Aliy si kdif adak sough Am laaml a baba khéyi
Digh yad ar agmad’in Ghas anzar ay did irourane
A tikhsi yougaln sou darr Imaklin’k a baba khayi
Ouligh adrar ouguigh souk Ar kargh ima guin tlid
Zigh ijamouaane Aguin talid
N’zourk a sidi Rbi
N’zourk awa gagh lkhir
Rbi tfi baba khéyi
Et si vous lui demandez de vous dire un mot sur Sahi L’Hanna ou Issali ou Aalik ! Elle vous répondra par un non sec; Car pour elle, la cérémonie de mariage chez IQUABLIYEN est d'une richesse culturelle qu'elle ne se raconte pas en un mot!!! Mais avant de vous quitter elle vous rappellera certainement la citation qui dit:
Un peuple qui oublie ses traditions, s'oublie lui même!!
Textes d’Ali OUIDANI
Textes d’Ali OUIDANI
DA ZGLGH AR SSIGHIGH
LES CHRONIQUES D’ALI OUIDANI
Avertissement : Comme j’ai dit un jour à un ami, il m’arrive de ne m’adresser qu’à moi-même ; et lorsqu’on parle à soi-même, c’est le rêve et l’utopie prennent le dessus.
D’avance je m’excuse auprès de mes lecteurs si à leurs yeux certains de mes écrits transgressent ou ne respectent pas les bonnes règles de l’écriture.
Ali Ouidani
Pourquoi es-tu parti mon ami, pourquoi es-tu parti mon frère ?
Ainsi va Ghriss
Que mes amis habitués à lire ma chronique chaque samedi m'excusent de leur avoir faussé compagnie cette semaine.
La raison est toute simple, quatre amis marocains dont deux sont de confession juive et qui vivent en dehors du Maroc, l'homme est originaire de Marrakech de longue lignée depuis 5 siècles et habite Paris, la femme elle est originaire de Fès et vit en Israël après avoir vécu 22 ans en Californie.
Nos deux visiteurs qui vivent à l'étranger sont venus nous voir et voir leur ami-frèrot Moha Oustouh mais ils sont venus aussi dans le cadre du devoir de mémoire et veulent retrouver des vestiges ou des souvenirs des populations juives qui habitaient notre région. Bien plus, ils souhaitent restaurer le cimetière juif en même temps que de préserver ce patrimoine juif deux fois millénaire faisant partie intégrante du Maroc. Ils ont besoin de leurs amis berbères pour assurer la garde de ces lieux juifs d’autrefois : Mellah, Synagogues et cimetières. Ils souhaitent enfin que l’histoire de la présence juive au Maroc soit enseignée dans les établissements scolaires marocains.
Ensemble en compagnie de Moha Oustouh, de Haddou Kecha et de moi même, nous avons visité le Ksar de Goulmima et son Mellah, ainsi que les deux cimetières juifs qui sont situés sur la rive gauche de oued Ghriss. La visite des lieux nous a permis de constater que l'âge de ces cimetières remonte à plusieurs siècles. Inutile de vous décrire l’émotion profonde de nos amis d’obédience juive : leurs larmes ont coulé comme l’eau de source et la cohabitation qui a duré 24 Heures les a marqués au fer chaud !!!
Apres le déjeuner et avant qu'ils reprennent la route pour Tinghrir, Ouarzazate, Kalaa el Mgouna, Zarkten (lieude naissance du grand père maternelle d’Arrik) et Moulay Ighy et Marrakech.
Arrik Delouya et moi avons improvisé un dialogue profond et authentique qui rappelle le vœu le plus véhément de cohabitation judéo – berbère possible à partir de l’exemple du Maroc que je vous propose d'écouter.
La carte mémoire de mon appareil ne m'a pas permis de vous faire écouter l'intégralité de l'intervention de mon ami Arrik cet amoureux inconditionnel de son pays natal où puisent ses racines profondément ancrées qu’il ne reniera jamais.
Ce n'est que partie remise, dès la réception de l'enregistrement intégral que madame Shosh Wolf née Amar, historienne de l’art et de la restauration, doctorante autour du sujet « Mémoire juive de Marrakech : Mémoire brisée, puis reconstruite et enfin retrouvée » a fait de son coté, je l'insérerai pour écouter la réponse qui m'a été faite par mon ami et frère arrik.
• Tinghrir, visite très difficile au cimetière juif berbère ancien. Aucune portée d’entrée n’est
disponible et une clôture très haute n’ont pas permis de voir de près les tombes. Il a fallu utiliser un escabeau d’un garage pour prendre quelques clichés. Nous avons été choqués de constater qu’une partie de ce cimetière juif berbère est devenue poubelle publique et les ordures sont balancés au-dessus du mur
Encore plus choquant : la moitié de ce cimetière a été séparé par un mur qui servi à y construire des garages et des petits immeubles d’habitation. A qui la faute ? Aux pouvoirs publics sûrement qui ont laissé faire !!!! Une demande d’audience sera adressée au Ministre des cultes et Habous du Royaume du Maroc pour un protocole d’accord afin que ce type d’incidents graves ne se reproduisent plus jamais.
• Gorges du Todgha
Haut - Atlas, Tamgrout, le Todgha, lieu de la révélation du Zohar jusqu'à « Marrakech, Taroundant, le versant sud de l´Atlas, tourné vers le Sahara, prenant ses couleurs du désert
• A Ouarzazate, coachés par Hamid le frère de Hassan, sociologue et élu local, nous avons pu visité le Mellah ancien de la ville et une bonne heure passée dans la vieille synagogue transformée en musée privé contenant d’importants vestiges et éléments judaïques d’autrefois. Un berbère local en assure la direction. Ce « musée » ressemble plus à la maison du rabbin d’autrefois, un peu « maison du peuple » .
• Le Président du Conseil Municipal de Ouarzazate nous a reçus officiellement avec une proposition d’héberger chez lui un colloque sur la coexistence et la cohabitation judéo-musulmane à partir de l’exemple marocain et berbère. Ce colloque aura lieu lors du prochain périple de nos associations au Maroc début Février 2010, en cours d’élaboration et que Hassan Majdi prépare avec professionnalisme
• A Kelaa el Mgouna, sur notre route après Ouarzazate, nous avons découvert un panneau indicateur en hébreu indiquant un cimetière en cours de restauration par la famille Dahan de Marrakech (dernier bijoutier juif de la sagha face à l’entrée du Mellah) et d’Israël. Une enceinte de 200 M sur 150 M a été construite pour environ 5 000 €uros et 400 pierres tombales sont en cours de restauration. Le gardien qui y vit nous a ouvert le grand portail. C’est plus tard en rentrant à Marrakech que nous avons rencontré le bijoutier Dahan qui a confirmé nos propos.
• Non loin du Col de Tichka (environ 2 500 M d’altitude, nous sommes passés devant Moulay Ighy, un Saint juif bien connu avec à l’entrée de la route le village de Zarkten qui a donné naissance au grand père maternel d’Arrik Delouya . Ce village est placé à 61 Km de Marrakech, sur la route de Ouarzazate. Du point de vue administratif, Zerkten appartient à la région de Marrakech - Tensift - Al Haouz
• A Marrakech, à la synagogue du Guéliz (créée en 1960 par Henri Cadoch Z »al, père de Jacky), nous avons fêté avec 150 autres fidèles (dont une centaine venus de 4 groupes d’Israël) la soirée de SImhat Tora le samedi soir 10 Octobre. Nous avons même dansé dans la cour avec 4 sefers torah sortie pour la circonstance.
Sous la Soukka, ce même soir, nous avons interviewé David Assedou, 93 ans et doyen
de cette communauté même s’il vit à Marseille chez sa fille Ruby. A la synagogue Slat el
Azama au Mellah, nous nous sommes rendus Lundi 12 Octobre pour prier avec
l’ensemble de 30 fidèles. Cette synagogue comme on le sait est construite par les
azmiyines, juifs dissidents et expulsés d’Espagne (megourashim) dès 1495 et notamment
par la famille Delouya d’origine du village andalou Loja ; à cette occasion, nous avons pu
interviewé l’ensemble des fidèles.
Ont participé à cette mission
• A Marrakech pour les interviews de la communauté juive
• Mission de reconnaissance sur les sites des cimetières Juifs Berbères de Ouarzazate, Tinghir et Goulmina
1 Dr. Arrik Delouya (Ph.D-Sociology) sociologue chercheur, président de l’Association des Permanences du Judaïsme Marocain Paris et fondateur de l’Association Israélienne pour la Préservation, la Diffusion & le Rayonnement du Judaïsme Marocain – Zohar
זוהר - העמותה לשימור ולהפצת מורשת יהדות מרוקו
France E-mail:
arrik.delouya@wanadoo.fr
2 Shosh Wolf, Thésarde doctorante, en charge de la 1° phase du projet « Marrakech-la-Juive » et co-fondatrice de l’Association Israélienne pour la Préservation, la Diffusion & le Rayonnement du Judaïsme Marocain – Zohar זוהר - העמותה לשימור ולהפצת מורשת יהדות מרוקו
Tel-Aviv IsraëlE-mail:
shoshanawolf@yahoo.com
3 David Or Chen, avocat au barreau de Tel-Aviv et co-fondateur de l’Association Israélienne pour la Préservation, la Diffusion & le Rayonnement du Judaïsme Marocain – Zohar
זוהר - העמותה לשימור ולהפצת מורשת יהדות מרוקו
Tel-Aviv Israël E-mail:
office@ocr-law.co.il
4 Hassan Majdi, doctorant en histoire, membre co-fondateur et représentant marocain à Marrakech de l’Association des Permanences du Judaïsme Marocain - Paris, en charge pour la création de l’association-sœur à Marrakech E-mail:
hassan6f@yahoo.fr
5 Moha Oustouh, de Meknès, ingénieur agronome, membre co-fondateur et représentant marocain à Meknès et dans l’Atlas (Errachidia, Goulmina…) de l’Association des Permanences du Judaïsme Marocain - Paris, en charge pour la création de l’association-sœur à Marrakech
Meknès (ville nouvelle) E-mail:
oustouhmoha@yahoo.fr
6 Jacky Kadoch, membre co-fondateur et d’honneur de l’Association des Permanences du Judaïsme Marocain - Paris, Président de la Communauté Israélite de Marrakech-Essaouira
E-mail:
jackykadoch@gmail.com
7 Henri Assouline, Vice-Président de la Communauté Israélite de Marrakech-Essaouira
Interviews réalisés à Marrakech :
1 Jacques Benisty (à son domicile)
2 Charles Elfassy (à son bureau)
3 Mme Elmoznino (sous la soukka des Elfassy)
4 Employé de la Galerie Khalid (sur son lieu de travail)
5 Hamid Majdi, frère de Hassan à Ouarzazate (au café)
6 Président du Conseil Municipal de Ouarzazate (à son bureau)
7 Ali Sékou Ouidani (à son domicile)
8 Hdou, oncle de Moha Oustouh (à son domicile)
9 Moha Oustouh (à son domicile)
10 David Assedou (sous la soukka de la syna du Guéliz)
11 Armand Delouya (sous la soukka de la syna du Guéliz)
12 Henri Assouline (à son domicile)
13 Elie Mouyal (à son domicile)
14 Souad Mouyal (à son domicile)
15 Simon Mouyal (à son domicile)
16 Yakot Mouyal (à son domicile)
17 Viviane Hazan (à son domicile)
18 Salomon Hazan (à son domicile)
19 Ayoub (au restaurant)
20 Renée Dray
21 Rav Shalom Gabay (Slat el Azama)
22 Itzhak Ohayon (Slat el Azama)
23 Hninia (Slat el Azama)
24 Raymonde Elfassy (à son domicile)
25 Ahmed Chauffeur de taxi
26 Jacky Kadoch
Actuellement en cours à faire à Marrakech (Semaine du 19 Octobre 2009)
27 Hassan Majdi (à son bureau)
28 Joseph Elkeslassy
29 Roger Oiknine
30 Armand Nahmias
31 David Acoca
32 David et Thérèse Ohayon
33 Adil Ingénieur Computer
34 Mohammed Assistant Jacky
35 Vera Assouline (à son domicile)
Novembre et Décembre 2009
Seront Interviewés
A faire à Paris x 4 Interviews
A faire en Israël x 4 Interviews
A faire au Canada x 3 Interviews
A faire aux USA x 4 Interviews
Programme de la mission Maroc 6 - 13 Oct 2009
Mardi 6 Octobre 2009
Départ Paris - Marrakech
Mardi 6 Oct 2009 Arrivée Marrakech
• Rencontre avec Armand Nahmias, 72 ans à Marrakech
• Rencontre avec Jacques Benisty, 82 ans Interview
• Voir Elie & Souad Moyal
• 20H00 Dîner chez Michèle & Robert Assaraf : Arrik, Jacky Kadoch, Elie Moyal & Souad Mouyal, Hassan et Laila Majdi Shosh Wolf, la famille Assraraf d’Israël
Mercredi 7 Octobre 2009
• 10H00 Synagogue du Guéliz
• 12H00 Interview Charles Elfassy à son Bureau
• 13H00 Déjeuner chez Raymonde et Charles Elfassy sous la Soukka et Interview de Mme Elmoznino de Marrakech vivant aux USA
• Rencontre avec David Or Chen
• Rencontre avec Jacques Benisty et acquisition d’un 4 x 4 pour la route de l’Atlas
• Visite Galerie Khalid, objets d’art judaïques anciens
• Interview de l’employé de Khalid, un Marocain de Marrakech
• Visite de La Mamounia récemment restaurée
Jeudi 8 Octobre 2009
• 06:00 - 10:00 Marrakech - Ouarzazate
• Déjeuner à Ouarzazate chez Hamid Majdi le frère de Hassan, élu à la municipalité de Ouarzazate, sociologue & intellectuel et avec le président du Conseil Municipal
• Visite des sites juifs à Ouarzazate (cimetière et reste de synagogue et du Mellah)
• Visite de Tinghrir et du cimetière juif berbère ancien. Sur les pierres tombales ont été construites des maisons et une Ecole
• 20H00 Arrivée à Goulmima
Vendredi 9 Octobre 2009
• 7H00 Petit déjeuner chez Ali aux Shfenjs et m’smna, thé à la menthe à volonté
• Visite à Goulmima des sites juifs (Mellah vidée de ses juifs, Synagogue ancienne et cimetières
• Rencontre avec les Amis berbères locaux, responsables de mouvements associatifs
• Plan d’action autour d’un couscous berbère
• 14H30 Tinghrir
• Gorges du Todgah, Oasis du sud de l´Atlas, où les Juifs ont vécu depuis deux mille ans.
• Ouarzazate
• Kalaa el Mgouna
• Zarkten
• Col du Tichka
• 24H00 Marrakech
Samedi 10 Octobre 2009
• 18:40 Fête de Simhat Tora dans la Synagogue du Guéliz de Marrakech
• Interview d’Armand Delouya
• Interviews sous la soukka de la synagogue de David Assedou, 93 ans, doyen de la communauté, vivant à Marseille et passant les fêtes de Tichri chez son fils à Marrakech
• 21H00 Diner de fête chez Vera et Henri Assouline
Dimanche 11 Octobre 2009
• 10H00 Interview d’Elie et Souad Mouyal et déjeuner
• 16H00 Interview et Hazan Viviane & Salomon
• Diner offert par Ayyoub membre des « permanences du JM » et ami de Hassan. Interview d’Ayyoub
Lundi 12 Octobre 2009
• 7H00 Slat El Azama, Prière et sortie du Sefer Torah
• Interview des personnes de la synagogue dont notamment Itzhak Ohayon après la prière Visite du cimetière
• Visite du Mellah
• Visite chez Viviane et Salomon Hazan
• Dîner d’adieu en équipe
Mardi 13 Octobre 2009
• Retour de David Or Chen
• Conclusions avec Hassan et briefing de Shosh
• Retour d’Arrik
• Retour Shosh Jeudi 29 Oct
Mission Marocaine 06 - 13 Octobre 2009
Objectifs de la mission :
1 du 6 au 9 Oct 2009
Paris-Marrakech et Marrakech-Ouarzazate-Tinghrir-Goulmina-Marrakech
Mission de reconnaissance à Ouarzazate, Tinghrir, Goulmina afin d’identifier les cimetières juifs berbères récemment abîmés et dans lesquels une enceinte s’impose
Rencontre avec le président du Conseil Municipal de Ouarzazate
2 Etude d’ingénièring et de faisabilité de création de l’association-sœur à Marrakech
3 Mission à Marrakech pour réaliser la 1° phase du Projet « Marrakech-La-Juive » : Du 6 au 28 Octobre 2009
Direction: Arrik Delouya
Coaching sur place: Shosh Wolf
Projet de l’Association des « Permanences du Judaïsme Marocain » - Paris et de l’association Zohar – Israël
Combien de temps reste-t-il avant que « Marrakech-la-Juive » ne disparaisse à jamais
Il est plus qu'impératif aujourd'hui de réaliser non pas un livre, un film ou des photos, mais le livre-le film - les photos qui recèleront l’ultime témoignage d’une des plus vieilles communautés juives en exil localement présente depuis 22 siècles.
Au fil des ans la question se fait de plus en plus pressante: Combien de temps nous reste-t-il avant que ce trésor de culture ne parte en fumée complètement ?
Question modulable à l’infini des situations, des lieux, des moments.
Combien de temps nous reste-t-il avant que ces voix imprégnées du soleil brûlant de Marrakech ne s'effilochent et tombent dans l’oubli, le nôtre qui, de génération en génération perd chaque jour un peu plus de ce trésor d'émotions et de sagesse forgé dans nos cœurs à travers le legs de nos ancêtres, et que nous avons déjà tant de peine à retenir, et encore moins à restituer et à transmettre. Face à cette perte homéopathique proportionnellement aux 40 000 Juifs qui vivaient avant 1948 et aux 175 personnes qui aujourd'hui vivent encore dans la Cité des Palmeraies, nous ne sommes pas complètement démunis. Nous pouvons enregistrer leurs voix, par écrit et sur bande, saisir un 125e de lumière sur leur visage, préserver leurs gestes par des films, et tracer leur histoire à travers les pierres et les espaces, les lieux d'activité, et le cimetière qui recèle les restes de cette magnifique légende.
L’oubli est un abîme sans fond au regard de l’éternité, où sont enfouis nos ancêtres et dans lequel nous succomberons quand notre passage sur terre aurait atteint son terme, mais d'où nous pouvons encore extirper les rires, les émotions, les subtilités d'antan qui constituent la matière intime de ces communautés juives par rapport aux autres agglomérations juives éparpillés de par le monde.
L'héritage culturel des Juifs de Marrakech est une pierre précieuse unique dont l’éclat ne devrait jamais s'éteindre pour les générations futures et fait partie du patrimoine culturel de la race humaine.
Mieux équipés avec des moyens techniques modernes, l'enregistrement et la diffusion de ces témoignages, ne sont plus une tache, mais un devoir. Ces traces essentielles ne doivent être négligées, ni nous échapper mais reportées dans les annales de l'histoire des juifs à travers les âges.
Pour le projet «Marrakech-la-Juive», permettez-moi d’évoquer le dualisme biblique d’Issachar et de Zebulon: chacun contribuera au niveau de sa volonté et de ses possibilités: chacun œuvrera pour fournir à l’autre les éléments nécessaires pour sa réussite. Commerce et étude collaboreront en harmonie. Nous avons dans notre communauté, ces deux forces essentielles. Mais la dispersion étant une donnée, il nous manque l'attache entre ces deux contingents. L'apport de contacts et de relations est crucial pour la mise en place de ce projet. Nous avons un sujet d’étude sacré: celui de notre mémoire qui menace de disparaître.
Le projet «Marrakech-la-Juive», permettra la procession de cette collecte de témoignages, en trois formes obligatoires:
1) Un livre, historique qui s'appuie sur des témoignages et illustré de photos
2) Un film avec un scénario reproduisant la majorité de ces témoignages
3) une exposition itinérante avec des photos prises durant ces recherches
Parcours des Opérations
1) Approuvé par la direction de l’Association des Permanences du Judaïsme-Paris et de Zohar-Israël, ce projet sera piloté par Arrik Delouya (Président de l'Association) et par Jacky Kadoch (président de la communauté israélite de Marrakech) qui sur le terrain sera l’unique interlocuteur et coordinateur. Les interviews seront menées dans leur 1° phase par Shosh Wolf aidée par Hassan Majdi, Moha Oustouh, Jacky Kadoch et Arrik Delouya
2) Instruire ce projet sur les normes de l’Europe Unie en y incluant les éléments de budget et une stratégie de communication pour la levée de fonds.
3) Lancement de la campagne de levée de fonds (Fund Raising)
4) Après la clôture de la levée des fonds, un parcours d’opérations sera établi et comprendra l’ordre de mission en guise de feuille de route pour Shosh Wolf aux USA.
Mise sur pied du Projet
Comme le soulignait Sa Majesté le Roi Hassan II dans une audience à New York en 1991 en s’adressant au Représentants des Communautés juives marocaines des Etats Unis et du Canada : « Vous avez précédé les Arabes au Maroc. Vous vous distinguez encore par une qualité qui vous singularise aux plans culturel et religieux.».
Dans «Le Temps du Maroc », Maurice Arama et Albert Sasson résument ainsi cette histoire riche et complexe : «On voit que la communauté juive marocaine, installée au Maroc depuis l’Antiquité, s’est enrichie, tout au long des siècles, d’apports divers, en provenance des pays du bassin méditerranéen et du Proche-Orient. Sa vieille tradition culturelle, datant de la civilisation andalouse, s’est structurée en s’adaptant au contexte socio-culturel marocain. Elle a évolué, au cours des différents règnes, avec des heures de gloire et de vicissitudes, dans un environnement méditerranéen. Il en a résulté une coexistence réussie avec la communauté berbère, puis arabe».
De ces éphémérides une production culturelle exceptionnelle (Musique, folklore, artisanat, droit, jurisprudence, médecine) s'est formée.
Avant 1948, on dénombrait plus de 250 000 Juifs au Maroc. Le Mellah de Marrakech lui seul comptait 50,307 habitants jusqu'au 1° Mars 1947 et était le plus important du Maroc. Aujourd’hui la communauté juive de Marrakech ne compte que 175 personnes dont plus de 50 % ont dépassé 65 ans. Avec la disparition graduelle de cette communauté, il ne nous reste que très
peu de témoignages vivants que nous estimons être de notre devoir d'immortaliser. Nous disposons aujourd'hui d'accessoires très sophistiqués capables d'enregistrer les voix de ces personnes avant qu'elles ne s'éteignent pour l'éternité. Nous nous devons d'enregistrer tant leurs voix, que leurs expressions, la diversités de sensibilités, leurs anecdotes et surtout leur riche information qui nous aidera à reconstituer leur passé extraordinaire pour le bien de l'humanité entière et pour les générations futures du peuple juif à travers le monde.
Pour parvenir à un résultat optimal, ce projet devrait s'étendre sur trois voyages : Première étape en Décembre 2008, seconde à Pourim et finale à Pessah, jusqu'à la rituelle Mimouna qui clôture le au 8° jour de Pâques– La Mimouna, célébrée exclusivement par les Juifs du Maroc a pris aujourd’hui les dimensions d'une fête nationale en Israël.
Durant ces voyages, l'équipe interviewera, filmera, photographiera le plus de personnes possibles. Chaque voyage devra durer 15 jours si nous prenons en considération deux interviews par jour et par famille, cinq jours par semaine).
L'équipe comprendra trois professionnels nécessaires pour conduire à bien cette entreprise: la photographe qui suivra les interviews avec sa caméra, l’interviewer, et la cinéaste pour enregistrer et filmer.
L’importance de la qualité à la fois technique et sensible de ces enquêtes est primordiale pour réussir dans cette mission. Le résultat qui s'ensuivra représentera l'unique archive qui nous aidera à réaliser le legs de nos ancêtres, leur vie en Maroc, leur empreinte sur la civilisation locale, les rites, leurs origines initiales et enfin leur histoire qui nous servira de trame pour perpétuer leur légende.
La technique de la photographie se déroulera aussi bien en couleur, qu'en noir et blanc. Évidemment il est promontoire d'employer des professionnels dont le regard et la fibre délicate de leur connaissance les aideront à capter et reconstituer l'accent naturel de ces sujets et dont ils formeront un élément complémentaire.
Ce projet, « Marrakech la Juive » est vraisemblablement une dernière bouée jetée dans les filets de l’Histoire des juifs de Marrakech.
Nous faisons donc appel à tous ceux et celles qui aimeraient prendre part active, notamment témoigner. Nous savons d’ores et déjà que tous et toutes nous attendent. Leur enthousiasme est la preuve de leur conscience et il sera notre fil conducteur pour recueillir le meilleur d’eux-mêmes qu’ils désirent et souhaitent partager avec le petit monde juif éparpillé sur le globe et ses communautés diverses internationales.
Aperçu sur Marrakech des Juifs d'autrefois
Notre ami Joseph Dadia (et Coll.), Président-fondateur de l’«association des Juifs originaires de Marrakech» nous livre une description illustrée de Marrakech, de son Mellah et de ses Juifs d’antan, à son image, claire et fluide dans son œuvre parue à Paris le 18 Novembre 1990.
"Le Mellah de Marrakech: esquisse historique " In.: La Saga des Juifs de Marrakech. Le Souffle Vespéral. Bourg-la-Reine (France), Trait d'Union. Association des Juifs de Marrakech. 112,
Boulevard du Maréchal-Joffre 92340 Bourg-la-Reine, Premier Volume, Numéro Spécial, N°16, Mai 1993, pp. 107-110.
"Avant Marrakech-la-Rouge-sur-l'Oued-Tensift, ses palmiers et ses murailles, son beau ciel azuré et son horizon aux cimes éternellement enneigées, sa place Djemaâ-El-Fna et sa Koutoubia, ses souks, ses jardins, ses palais et sa kasbah, il y avait Aghmat et Tasghimout, où la présence juive, comme en terre marocaine, remonte à des temps médiévaux.
Aghmat avait jouie d'une époque de splendeur quand elle servit de résidence aux rois des Mas'mouda, avant d'être détruite au XI° Siècle par les Almoravides.
Fondée en 1062 par Youssef Ibn Tachfin, Marrakech resta longtemps interdite aux Juifs, qui vivaient à Aghmat-Ourika, situé à 40 Km au Sud-Est de la ville. Durant le jour, Ils étaient autorisés à perpétuer leur commerce et gérer leurs affaires, mais au crépuscule, ils étaient sommés de quitter la ville. Sous la nouvelle dynastie au Maroc des Chérifs Sâadiens, Marrakech devint la Capitale de l'Empire. Elle reçut une vague de réfugiés Juifs de l'Espagne et du Portugal, des anciens marranes de la péninsule Ibérique, des Iles Canaries et même des lointaines Antilles. Tous ces nouveaux venus s'installèrent dans deux quartiers différents, les Beldiyyin (Juifs autochtones, en hébreu Tochavim), disséminés en petits groupes vivaient au sein de la population Musulmane. Les Mégorachim (Expulsés d'Espagne) et Beldiyyin s'étaient amalgamés dans un seul quartier, celui de Mouassine. "Le quartier des Juifs, nous dit Marmol, était autrefois au centre de la ville, dans une compound de plus de trois mille maisons", soit quinze mille personnes, d'après l'estimation faite par Diego de Torrès.
Du à un scandale provoqué intentionnellement par une musulmane qui accusait faussement un Juif de l'avoir maltraitée, les Juifs de Marrakech furent forcés de quitter le Mouassine, pour s'installer près de Bab Aghmat. Ils furent séparés physiquement des Musulmans, et confinés dans un quartier ceinturé de murailles épaisses et n'ayant qu'une seule porte leur permettant accès à la ville, et une autre, plus petite, qui les mènait au cimetière. Dans cette enceinte plusieurs maisons et synagogues avaient été érigées.
Le Mellah de Marrakech fut fondé en 1557 (5317 année juive), par le Sultan Moulay Abd Allah Al Ghalib Billah, à proximité de la Qasbah et du Palais Royal. C'était au fait une sorte de ghetto qui rassemblait tous les juifs de Marrakech. De nos jours le Mellah a changé de nom et s'appelle Hay Salam (occupé par des Musulmans). En ces temps-là, le Mellah était un beau quartier, vaste et agréable, avec de belles maisons et des jardins. Les commerçants catholiques n'étaient nullement autorisés de s'y installer, mais par contre, tous les Agents et Ambassadeurs des pays étrangers pouvaient y résider. Le Grand Rabbin de la communauté José Benech, avait encastré un parchemin contenant une prière dans la porte de la nouvelle cité, suivant la tradition.
Le Mellah s'étirait sur un quadrilatère de 18 ha avec des fondouks, des synagogues et un centre commercial. Il est coupé de deux longues rues avec des bifurcations transversales formant des ruelles. Vers la fin du xix° Siècle, le Mellah se dilata à l'Ouest sur un ancien terrain vague, où fut édifié le Mellah Djedid, jouxtant avec l'arcade du vénéré Saint Rabbi Mordekhaï Ben Attar, et à l'Est, sur l'oliveraie Djnan-El-Afia, originalement une part des vastes jardins du palais royale. (Comprenant le quartier de la Bhira, dans le voisinage du Cimetière juif).
En 1935, l'expansion du Mellah absorba les Touareg, Qsibt Nhas, le quartier de l'Arst-El-Maâch, celui de la Bahia et poussa ses ramifications jusqu'à la Médina. Les familles aisées juives s'installèrent dans le quartier européen du Guéliz avec la fin du protectorat français."
Le Mellah de Marrakech, vidé aujourd’hui de ses juifs, se modifie en résidences somptueuses (Riad). Ses 50,307 habitants de l'année 1947 ont complètement disparus et se trouvent aujourd'hui en Israël, en France, au Canada, et dans d’autres pays d’immigration. Les 175 âmes juives à ce jour à Marrakech sont les seuls témoins vivants de l'existence de cette riche communauté.
…Le Mellah de Marrakech Maroc visité par un voyageur britannique lors de la Révolution Française (1789) : Hommage à la beauté des femmes Juive du Maroc." Bourg-la-Reine (Fance), Trait d'Union - Association des Juifs de Marrakech : 112, Boulevard du Maréchal-Joffre 92340 Bourg-la-Reine, Premier Volume, Numéro Spécial, N°16, Mai 1993, p. 111 pour reprendre le texte de Joseph Dadia :
"Le 14 Septembre 1789, William Lemprière, médecin anglais débarqua sur la terre "du Maroc" pour soigner le fils de l'Empereur Muley Absulem. Son périple donna naissance à un long carnet de voyage, publié en 1990 par Sylvie Messinger, éditrice à Paris 6°, 24, Rue de l'Abbé Grégoire, dans la Collection "les Pas de Mercure", sous le titre "Voyage dans l'Empire du Maroc et au Royaume de Fez" (avec le sous-titre : un médecin anglais pénètre dans le Harem). Je crois bon de signaler cet ouvrage en raison de ses renseignements précieux sur l'Empire du Maroc de la fin du 18° Siècle et sur les Juifs de cette époque : Tanger, Asilah, Larache, Salé, Rabat (où les Juifs sont nombreux), Casablanca (Eh oui ! Ses melons délicieux, rivière qui donna son nom à la ville), Fédala, Azemmour (j'eus la visite d'un Juif vêtu à l'européenne), Safi, (je logeais dans une maison Juive), Essaouira, Agadir, et bien sûr Meknès, Fès…Sur le Mont Atlas, les Juifs ont bâti quelques villages. Taroundant et Maroc (Marrakech) occupent une place importante dans l'ouvrage. À Taroundant, la juiverie est un misérable faubourg à un quart de lieu de la ville : la maison que j'allais occuper une chambre bien sale, bien étroite et sans fenêtre, appartenait au juif le plus considérable de Taroundant." Lemprière arriva au Maroc le 8 Décembre 1789 : "Je m'établis dans le quartier des Juifs, où je trouvais un assez bon logement…Les craintes que j'éprouvais dans une situation aussi critique n'étaient adoucies que par le plaisir que je trouvais dans mon nouvel établissement. J'étais logé chez des gens honnêtes; leur maison était spacieuse, bien éclairée et dans un quartier retiré".
Les milles et une nuits du Mellah de Marrakech par Thérèse Zrihen-Dvir
Après des décennies, les enfants du Mellah de Marrakech, reviennent en masse de tous les pays du monde. Ils retournent aux ruelles exiguës et sombres de leur Mellah, aux longs corridors d'où s'échappaient le soir les douces litanies de prières jaillissant comme une chanson, comme un filet d'eau claire qui ronronne entre les galets. Ils reviennent parce que quelque part dans leur cœur, dans leurs mémoires, ils n'ont jamais réellement quitté ce Mellah.
Leur enfance si étonnante et unique les poursuivra même dans leur vieillesse et ils s'évertueront comme dans un rêve à la retracer avec leurs enfants et leurs petits-enfants car elle était incomparable, mais oui elle l'était, mais qui donc pourrait le contester ? Ce n'est nullement cette enfance de nos jours, qui manque de tant d'éléments inédits, parfois insolites, d'aventures, de jeux, de paysages indomptés et ensorcelants, de mystères, de personnes simples, naïves mais si exceptionnelles par leur structure, par leurs habits, leurs coutumes, leurs mœurs, leurs professions. Et il y en avait tant. Je revois encore le marchant de pois chiche, empêtré dans sa longue djellaba, qui s'afférait devant un poêle construit à base terre glaise. Il préparait sa marchandise devant nous les enfants, ses clients les plus assidus. Malheur si ce four archaïque se brisait laissant échapper les braises de charbon sous nos yeux rieurs qui ne pouvaient pas en ces temps là mesurer la grandeur de son malheur: la perte infortunée de son gagne-pain.
Ce Mellah aujourd'hui déserté de ses Juifs, a tout perdu, même son identité. Il sera désormais baptisé «Hay Salam». C'est un souvenir qui se meure pour une seconde fois après une très longue agonie. Le fantôme de ces milliers d'âmes qui ont vu le jour dans ce quartier, ont perpétué leurs coutumes, leur religion, leur intégrité, va devoir disparaître à jamais. Les dernières reliques des vestiges juives du Maroc passeront à d'autres mains qui sans doute avec le temps et la négligence, deviendront des cendres que le vent emportera dans les confins de l'oubli.
Il n'y aura plus rien à voir, ni à entendre, outre que le muezzin qui remplacera la synagogue, que les femmes musulmanes voilées, qui par leur présence omnipotente nous ramènera à la dure réalité. Qui prendra la relève? Peut-être que dans nos centaines de livres sur le Mellah on trouvera quelque consolation, quelques phrases qui attesteront de notre existence dans ce Mellah perdu à jamais.
Le devoir d'immortaliser cette époque mouvementée dans les annales du Maroc et du peuple juif pour les générations futures nous incombe, nous la dernière génération des juifs du Maroc, pour l'histoire, pour préserver comme dans toutes les nations, les restes d'une civilisation exceptionnelle en voie d'extinction.
Qu'est-ce donc que le Mellah? Par Thérèse Zrihen-Dvir
Qu'est-ce donc que le Mellah? Certains vous diront que c'est un ghetto, et d'autres l'appelleront 'Le quartier Juif' comme tout autre quartier dans n’importe quelle ville du monde. Les jeunes de ma génération et moi-même préféraient le considérer comme une 'serre' où aucun intrus ne pouvait nous nuire. On jouait dans ses rues, on empruntait le sentier pour l'école en chantant, sans être perturbés.
Notre Mellah avait tous les composants d'un havre sûr. Nous nous sentions protégés par nos parents, qui nous attendaient bien au chaud, devant leurs poêles à pétrole fonctionnant en permanence, ou du moins, nous semblait-il.
J'aimais m'asseoir sur mon banc de pierre, et suivre du regard le défilé de touristes qui passaient par les dédales de nos ruelles quotidiennement et admiraient les apprentis juifs devant leurs ravissants ouvrages d'artisanat. Chacun d'eux fabriquait, réparait, restructurait des œuvres exceptionnelles dans un atelier minuscule. Les passants, touristes et badauds subjugués, restaient là immobiles des heures entières, observant les gestes gracieux et précis des brodeuses de tapis. On accompagnait, avec plaisir, la musique cadencée du martèlement des artisans de cuivre, des graveurs de bois, et des cordonniers qui, la bouche pleine de clous, fixaient des lunes de métal sur les talons des chaussures pour refréner leur usure. Quand ces dernières s'élimaient, les parents revenaient en toute hâte chez le cordonnier, afin de remplacer les lunes de métal. Insouciants et candides, on marchait en scandant nos pas selon les chants rythmés ou les airs qu'on improvisait sans nous soucier du dommage occasionné à nos semelles qui se détérioraient rapidement.
Sans informer ma mère, un jour, je vins voire notre cordonnier pour lui proposer un troc: donner des leçons de mathématiques à sa fille, au prix d'une semelle toute neuve. A ma grande joie, le marché fut conclut, suivit de son habituelle remarque: "c'est donner un œuf pour un bœuf!"
J'avais la manie de me planter pendant des heures entières, hypnotisée devant le marchand de beignets (sfennj en arabe marocain) qui, assis, les jambes repliées sous sa large bedaine, face à un bac d'huile et une bassine pleine de pâte d'où il arrachait une petite boule avec zèle, l'allongeait entre ses doigts, puis la faisait tournailler dans l'air pour en former une couronne miniature avant de la lancer adroitement dans l'huile bouillante. (D'après la version Hébraïque de Madame Shosh Ruimy, de Beer Sheva)
Illustration : Les Voix de Marrakech: Journal d'un Voyage d’Elias Canetti
Elias Canetti, Prix Nobel de Littérature en 1981, a écrit Les Voix de Marrakech: Journal d'un Voyage qui parle de son séjour à Marrakech en 1954 (1). À lire également dans cet ouvrage en Edition de 1977 le passage sur la "Visite dans le Mellah": pp. 60-80 et "La famille Dahan": pp. 81-116.
D’un séjour à Marrakech en 1953, E. Canetti enregistre d‘abord des voix, des bruits, des gestes et des images. Et, imperceptiblement, par le jeu d’une simple et grave précision dans la relation des faits, ce récit de voyage devient aussi, au sens le plus strict et le plus concret du terme, un récit philosophique….
" …À mesure que je pénétrais plus avant dans le Mellah, je découvrais que tout devenait de plus en plus misérable. Je me trouvais maintenant sur une petite place carrée qui me parut être le cœur du Mellah. Des hommes et des femmes se tenaient près d'une fontaine rectangulaire. Les femmes portaient des cruches qu'elles emplissaient d'eau. Les hommes remplissaient leurs outres de cuir. Leurs ânes étaient auprès d'eux et attendaient qu'on les abreuvât. Au milieu de la place quelques gargotiers étaient accroupis. Beaucoup d'entre eux faisaient cuire de la viande et d'autres de petits beignets. Leurs familles étaient près d'eux, femmes et enfants. C'était comme s'ils eussent transporté tout leur train de maison sur la place où ils habitaient et cuisinaient. …
Tout autour de la place, il y avait des magasins. Des artisans y travaillaient, leurs coups de marteau résonnaient dans le bruit des conversations. Dans un coin de la place, de nombreux hommes s'étaient assemblés et discutaient avec feu. Je ne compris pas ce qu'ils disaient mais, à en juger par leurs mimiques, il s'agissait des grands problèmes du monde. Ils étaient d'opinions différentes et combattaient à coups d'arguments. J'eus l'impression qu'ils admettaient avec plaisir les arguments des autres. Au milieu de la place, se tenait un vieux mendiant. C'était le premier que je voyais par ici. Il n'était pas Juif.
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(1) Traduction de l'Allemand par François Ponthier (Die Stimmen von Marrakesch Aufzeichnungen nach einer Reise). Ouvrage bilingue. Paris, Ed. Albin Michel. Série Allemande dirigée par Brigitte Vergne-Cain et Gérard Rudent, Collection "Les Langues Modernes / Bilingue Vergne-Cain et Gérard Rudent, 1992, 320 p, Préfaces et notes de Claude Mouchard et Hans Hartje: pp. 7-17. ill. Passages : "Visite dans le Mellah" : pp. 121-161 et " La Famille Dahan" pp. 163-233. Egalement paru en 1977, In.: Ed. Albin Michel, 159 p.
Avec la pièce qu'il reçut, il se tourna aussitôt vers un marchand de beignets dont la grande bassine crépitait vigoureusement. Les clients étaient nombreux autour du cuisinier et le vieux mendiant dut attendre son tour…. Mais je ne crois pas que c'était à lui seul que je devais l'enchantement de cette place. J'avais l'impression d'être véritablement ailleurs, parvenu au terme de mon voyage. Je n'avais plus envie de m'en aller. Je m'étais déjà trouvé ici, il y avait des centaines d'années, mais je l'avais oublié. Et voici que tout me revenait.
J'y trouvais offertes la densité et la chaleur de la vie que je sentais en moi-même. J'étais cette place et je crois bien que je suis toujours cette place. M'en séparer me parut si pénible que j'y
revenais toutes les cinq ou dix minutes. Où que j'allasse, quoi que je découvrisse dans le Mellah, je m'interrompais pour revenir à la petite place, pour la traverser dans une direction ou une autre afin de me convaincre qu'elle était toujours là…." (L'Auteur).
(1) Traduction de l'Allemand par François Ponthier (Die Stimmen von Marrakesch Aufzeichnungen nach einer Reise). Ouvrage bilingue. Paris, Ed. Albin Michel. Série Allemande dirigée par Brigitte Vergne-Cain et Gérard Rudent, Collection "Les Langues Modernes / Bilingue Vergne-Cain et Gérard Rudent, 1992, 320 p, Préfaces et notes de Claude Mouchard et Hans Hartje: pp. 7-17. ill. Passages : "Visite dans le Mellah" : pp. 121-161 et " La Famille Dahan" pp. 163-233. Egalement paru en 1977, In.: Ed. Albin Michel,
159 p.
Illustration : L’ancienne association des Juifs de Marrakech
Rappel du devoir de Mémoire
Créée à Paris en Février 1982, l’Association des Juifs de Marrakech sous la présidence de Joseph Dadia, s'est donnée pour but d'entretenir des liens d'amitié, de fraternité et d'entraide entre les juifs originaires de Marrakech et leurs amis à travers le monde, où qu'ils se trouvent, de contribuer à l'étude et à l'enseignement des œuvres des Grands Maîtres et Guides Spirituels du Judaïsme de Marrakech et du Maroc.
Cet ouvrage présenté, le 18 Novembre 1990 (dans: "Le Mellah de Marrakech: esquisse historique " In.: La Saga des Juifs de Marrakech. Le Souffle Vespéral. Bourg-la-Reine (France), Trait d'Union. Association des Juifs de Marrakech. 112, Boulevard du Maréchal-Joffre 92340 Bourg-la-Reine, Premier Volume, Numéro Spécial, N°16, Mai 1993, 199 p.) contient : une introduction de J. Dadia, des photos de rabbins, des petites histoires du Mellah de Marrakech.
Enfin quatre parties sont distinctes:
"La première partie est entièrement consacrée à la personnalité et à l'œuvre de Mr René Camhy, ancien Directeur du Groupe Scolaire Jacques Bigart et ancien chef-scout, en hommage pour ses bons et loyaux services rendus à notre jeunesse et à notre communauté, avec un inlassable dévouement durant tout un jubilé. René Camhy parle de ses origines et relate l'œuvre accomplie dans les écoles de l'AIU à Marrakech et au Maroc. Testes et témoignages des membres de sa famille, de ses collègues et de ses anciens élèves, en particulier Moryou, le Grand Rabbin Jacques Ouaknine, Haïm Hazan, André Moyal, Simy Abitbol-Katalan…Témoignages de Mr Alfred Goldenberg, Nissim Lévy (Instituteur à Marakech en 1924)…Témoignages sur Mr. Benjamin Yahny (Raphaël Ohayon), sur Mr Moïse Bibas, Mlle Lina Behmoiras et d'autres membres de
l'enseignement tels que Mr Nissim Serfaty. Un superbe texte de Mlle R. Perahia (Huppe enthousiaste) avec sa photo.
La deuxième partie est consacrée aux sports, jeux, jouets, et divertissements avec photos et documents.
La troisième partie : Le Mellah de Marrakech (cartes postales, photos et documents) : Ebauche historique : le Mouassin (vieux quartier juif avant le 16° siècle). Les Rabbanim, avec un texte sur Rabbi Haïm Chochana. La Section Agricole, la Colonie de Vacances de Mogador, le Scoutisme, l'Ecole…
La quatrième partie : La Vie Associative (photos et textes). Liste des donateurs : Sepher Tora à la mémoire de Rabbi Pinhas Hacohen et Table Ophtalmologique à la mémoire de Rabbi Haïm Chochana. Cimetière juif de Marrakech.
La population Juive de Marrakech
Recensement de la population Juive :
155 personnes juives vivant encore à ce jour à Marrakech.
50 % de la population a plus de 70 ans.
10 % de la population est démunie et sans ressources, elle est entretenue par la Communauté Juive.
30 % de la population vit dans des conditions socio-économiques plutôt modestes.
60 % de la population appartient à une catégorie socio-professionnelle ayant une bonne qualité de vie.
Base d‘un questionnaire
Sur les interviews de la population juive de Marrakech
• Occupation professionnelle
• Parlez-moi de votre enfance, de vos racines & de votre éducation juive marocaine (Etudes dans une yechiva ?)
• Parlez-moi de votre famille.
• Rappelez-moi le moindre souvenir lié à votre mémoire de juif de Marrakech
• Racontez-moi une histoire que vos parents vous ont raconté sur leur vie
• Parlez-moi de votre communauté juive marocaine à Marrakech ?
• Comment assumez-vous votre judaïsme à Marrakech ?
• Parlez-moi de la cohabitation sereine ou pas entre juifs et musulmans au Maroc.
• Comment peut-on perpétuer les traditions juives dans une ville où la population juive a quasiment disparu ?
• Envisagez--vous de quitter Marrakech pour une autre destination ou comptez-vous y rester jusqu’à la fin de vos jours ?
• Quel est le votre mot de la fin ?
Aide locale logistique de notre doctorant Hassan Majdi
est déjà doctorant inscrit en 3° Année à Paris 8 sous la direction de Ephraim Riveline et avec la caution morale de Jacky Kadoch et le coaching d’ Arrik Delouya. Il soutiendra sa thèse fin Novembre 2009 à Paris
Son sujet de thèse de doctorat : «Le culte des Saints et les pèlerinages des Juifs du Maroc».
Le choix du sujet de Hassan est important à un double titre, scientifique il impose une problématique qui semble propre principalement au Maroc, et secondairement à d’autres pays arabo - musulmans.
Pourquoi en effet les juifs ont fait du Maroc un lieu d’élection d’une pratique curative et religieuse? Qu’est ce qui est déterminant dans ce binôme, et pourquoi précisément au Maroc?
Il est juste que les Musulmans ont la même attitude, qu’est ce qui nous donne ce comportement, est ce la personne qui la pratique, son rapport à sa pratique religieuse, ou tout ceci à la fois combiné en territoire ?
Hassan a participé au Colloque de Cordoba du 27 Mars 2008 sur "Séfarade : Géographies et Regards de la Mémoire" organisé par la Casa de Sefarad - Casa de la Memoria conjointement avec l’Association des Permanences du Judaïsme Marocain et présentera une communication sur la mémoire juive du Maroc et à au Colloque International à Marrakech sur le thème: ''Résistance et Persistance du Judaïsme Marocain: Mémoire brisée, mémoire en éveil et mémoire retrouvée''. Organisé par l’association « Permanences du judaïsme marocain », un colloque, réunissant des chercheurs de renommée internationale, s’est tenu à Marrakech les 25 et 26 Mai 2008. Ce colloque a été marqué par la participation de dizaines de chercheurs de renommée internationale originaires notamment du Maroc, de France, des Etats-Unis, de Grande Bretagne, d'Espagne et d’Israël.