Yitzhak Rabin : 12 ans déjà …
Par H.Mesguishe et A.Grayman pour Guysen International News.
Mercredi 24 octobre 2007 Ã 17:29
Le 4 novembre 1995, Yigal Amir assassinait le Premier ministre de l’époque, Yitzhak Rabin.
Un geste qui endeuilla à jamais la jeune démocratie israélienne.
Selon le calendrier hébraïque, c’est ce mercredi 24 octobre qui marquait le 12e anniversaire de la mort de l’ex Premier ministre israélien.
"Le meurtrier a tiré dans le dos d’Yitzhak, mais c’est le cœur du peuple qu’il a touché" a déclaré mardi 23 octobre au soir, le Président israélien, Shimon Pères lors de la traditionnelle allocution présidentielle prononcée à chaque anniversaire de la disparition du défunt Premier ministre.
12 ans après, les commémorations en l’honneur de sa mort ne cessent de rappeler la tragédie.
Les cérémonies ont débuté dès mardi soir, au domicile du président Shimon Pérès, par un discours du chef de l’Etat, et l’allumage d’une bougie à la mémoire du ministre israélien.
"Je me tenais à côté d’Yitzhak Rabin. Toutes ces preuves de soutien le rendaient heureux. Au même moment, en bas des escaliers, le meurtrier préparait son arme, et l’attendait pour l’abattre froidement" s’est rappelé le président israélien.
"Le meurtrier a tiré dans le dos d’Yitzhak, mais c’est le cœur du peuple qu’il a touché" a-t-il déclaré, ému.
La famille de l’ancien Premier ministre, le ministre de la Défense, Ehoud Barak ainsi que le chef d’état-major, Gabi Ashkenazi étaient également présents.
À Tel-Aviv, près de 5 000 personnes s’étaient rassemblées sur les lieux du meurtre pour rendre hommage à la mémoire de Y. Rabin.
La veille, la police avait décidé de publier la cassette montrant l’audition d’Yigal Amir, quelques heures après son arrestation.
"J’ai décidé de tuer Yitzhak Rabin pour le neutraliser politiquement.
J’ai rôdé autour de sa voiture en attendant qu’il descende les marches.
D’abord j’ai vu le ministre des Affaires Etrangères, Shimon Pères. Mais il n’est qu’une cible secondaire pour moi.
Puis Rabin est arrivé, entouré par ses gardes du corps. Il s’est approché de sa voiture et je lui ai alors tiré 3 balles dans le dos. Ses hommes m’ont sauté dessus. J’ai alors lâché mon fusil, mais je ne regrette rien" y explique le coupable d’une voix neutre.
Cette vidéo inédite a été remise à la fille du défunt, Dalia Rabin, qui a déclaré à la télévision publique israélienne, qu’elle regrettait que ce dernier n’ait pas été tué en retour.
"Je ne dis pas ça parce que c’est mon père qu’il a assassiné, mais parce que Yigal Amir a tiré dans le dos de la démocratie.
Je ne demande pas que l’assassin soit exécuté maintenant, je veux juste être sûre qu’il ne bénéficiera jamais d’une réduction de peine".
Son inquiétude fait suite à l’actuelle campagne lancée par les membres de l’extrême droite israélienne, le 'Comité pour la démocratie', qui depuis dimanche 21 octobre distribue dans tout le pays, 150 000 exemplaires d’un DVD prônant la libération d’Yigal Amir.
En parallèle la prochaine naissance de l’enfant de Ygal Amir et de son épouse Larissa Trimbobler amplifie l’amertume des Israéliens et de la classe politique qui dénoncent la surmédiatisation de l’assassin.
Ce lundi alors que la nation commémorait la disparition du Y.Rabin, Larissa Trimbobler n'a pas hésité à déclarer qu’elle avait l’intention d’élever son futur enfant en lui apprenant que son "père s’était sacrifié pour son peuple".
Un nouvel affront lancé à la face de la famille Rabin.
Le neveu d’Yitzhak Rabin a d’ailleurs reproché aux gouvernements israéliens successifs d’avoir "négligé le règlement de comptes avec ceux qui ont incité à l’assassinat".
Il a déclaré qu’il n’était pas étonnant que certains soutiennent le meurtrier puisque les incitateurs n’ont pas été châtiés.
Dans le même registre, le ministre Binyamin Ben Eliezer a indiqué qu’un "meurtre politique peut encore se produire aujourd’hui''.
Selon lui, ''même un Juif peut se transformer en shahid (martyr) au nom d’une idéologie''.
B.Eliezer a rappelé qu’il avait prévenu l’ancien Premier ministre des menaces de mort qui pesaient sur lui 4 mois avant l’attentat, et déploré que ses proches n’aient pas poussé M. Rabin à les prendre plus au sérieux.
"Ni le peuple, ni l’histoire ne pardonneront à cette crapule" a ajouté mardi soir le Président Shimon Pères, assurant par là qu’aucune remise de peine ne serait envisagée.
Le ministre de la Défense, Ehoud Barak, a quant à lui annoncé que "l’assassin de Rabin ne sera ni relâché, ni pardonné".
Sur la radio Kol Israël, le chef d’état-major de Tsahal, Gabi Ashkenazi, a précisé lui aussi qu’il fallait s’assurer que le meurtrier ne soit jamais libéré.
Le Président de l’Université Bar-Ilan a expliqué que pour lui, l’assassinat d’Yitzhak Rabin incarnait la destruction des deux Temples.
Le Premier Temple a été détruit à cause des effusions de sang et le second à cause de la haine gratuite.
"Assassiner un Premier ministre, c’est tuer le rêve juif" a-t-il déclaré.
Yigal Amir avait expliqué son geste en disant que le Premier ministre avait détruit ses espoirs politiques lorsqu’il avait accepté de signer un accord de paix avec Yasser Arafat en 1993.
Yitzhak Rabin était considéré par les Israéliens, comme l’un des plus grands constructeurs de la nation.
Mercredi 24 octobre, une autre cérémonie officielle a eu lieu, cette fois au mont Herzl, où est enterré l’ancien ministre.
"En tant que citoyen, mais plus encore parce que je suis ton petit-fils, je sais que je devrai encore payer un lourd tribut avant que les frontières et les limites de la démocratie israélienne ne soient enfin définies" a déclaré le petit-fils de l’ancien Premier ministre Michaël Rabin.
Le Premier ministre Ehoud Olmert a pour sa part affirmé que les balles qui ont tué Itzhak Rabin ne seront pas un frein pour la paix avec les Palestiniens.
Le Président Shimon Péres a ajouté "qu’Israël était un peuple fort et restera un peuple fort, malgré les épreuves et les crises".
À 17 heures, une session spéciale à la Knesset est venue clôturer ce douloureux anniversaire, dont le peuple israélien ne s’est toujours pas remis.