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Pour mémoire
 
Arrik  Delouya
Chercheur-Sociologue


Même si l'origine des premiers Juifs du Maroc reste obscure, le Judaïsme d'Occident Musulman puise ses propres racines dans un passé où, historiquement, ces Juifs sont le premier peuple non - berbère (H.Zafrani) vivant encore au Maghreb. Ce Judaïsme entretient avec la pensée Juive universelle des liens étroits mais il est aussi le produit du terroir marocain où il a vécu pendant ces 2 millénaires passés.
                                   

 


Installés au Maroc depuis 2 000 ans, bien avant la conquête arabe, avec un poids démographique considérable : plus de 250 000 Juifs y vivaient encore au milieu du siècle passé.
Pris dans les tourbillons de l’histoire - le choc culturel et social né
v du protectorat français :
Le facteur colonial a réussi à détériorer les relations entre Juifs et Musulmans et à modeler le tissu socio -politique marocain. Celui-ci aurait pour conséquence la « promptitude des Juifs à plier bagage - après l'indépendance - pour le moindre incident, (…) alors que pendant plus de deux mille ans ils ont fait preuve de patience
v la politique antijuive de l'Etat Français de Vichy au Maghreb entre 1940-1943
(ses précédents, son application et ses effets), la vague antisémite qui a suivi en Afrique du Nord dans les années quarante, faisant subir aux Juifs Maghrébins l'une des tragédies les plus sanglantes de leur histoire (Michel Abitbol)
v la dégradation des relations Judéo - Musulmanes après la création de l'Etat d'Israël
v L’Indépendence du Maroc
vLes guerres israélo-arabes
v ils ont presque tous quittés le Maroc pour s’installer en Israël entre 1948 et 1968.
La communauté Juive Marocaine aura finalement survécu à tous ces bouleversements
 

 


Nous avons recueilli des preuves tangibles remontant au 17° siècle d’une Communauté Juive pré - romaine établie à IIigh vers 1620 venant d'Ifrane (l'Anti - Atlas sur demande du Roi d'Iligh.…) « …La population Juive y est apparue comme « un élément indispensable à l'activité commerciale à longue distance menée par la « Maison d'lligh. L'exode général des Israélites en 1958 et leur absence totale du « Tazerwalt rendent difficile une information directe sur l'histoire de ce commerce.

 La « découverte du cimetière Juif d'Iligh ouvre quelques voies intéressantes à la « connaissance de ce peuplement. Les pierres tombales Juives donnent une série « d'informations importantes : nom de famille, sexe, date précise de décès ; 332 « tombes ont pu être dénombrées. La première est datée de 1751 et la dernière de
« 1955. Le cimetière d'lligh conserve donc la mémoire des inhumateurs des deux « derniers siècles : 1800 : Peste et 1869 : Choléra.
 Enfin, 1945 : Typhus etc. Les « prénoms lus sur les tombes ressemblent à ceux des autres régions du Maroc « (noms bibliques et arabes). Les Juifs d'Iligh ont été affectés par les mouvements et « les migrations qui ont touché le Maroc. La langue parlée est l'arabe dans une « région pleinement berbèrophone. .… » In. : Schroeter Daniel J. , Arrif A. & Van der Wuster H. : La Maison d'Iligh et l'histoire sociale du Tazerwalt. Casablanca, Ed. Seller, 1984. BG/R. Science Religieuse - Hagiographie - Histoire - Ethnologie – Structure Économique.


« Il y a 20 ou 30 ans, bien peu de temps au regard de l'histoire, d'Aqqa à Debdou, du « cœur du Haut - Atlas, Tamgrout, le Todgha, lieu de la révélation du Zohar jusqu'à « Marrakech, Taroundant, Fès cité glorieuse de la spiritualité juive, sans oublier Salé, « Séfrou, petite ville du Moyen - Atlas (Sud-Est de Fès), surnommée la petite « Jérusalem, et les interrogations des Juifs marocains partagés entre le rêve d’une « terre promise et le souvenir d’un paradis perdu, partout des Communautés Juives « assuraient la tradition renouvelée de foyers d'une culture fortement originale. » SLOUSCH Nahum : In. : Les Juifs de Debdou. Paris, Revue du Monde Musulman/R.M.M., Vol. 22, N°2, 1913, pp. 221-269, Photos, Fig. BG/R - BG/T - CND/R - FRAS/C - PCJM/C - SL/C - AIU/P. Science Religieuse - Histoire - Ethnologie - Habitat Humain.

Présente la région de Debdou et ses habitants (majoritairement Juifs représentant les trois-quarts de la population de la ville), et donne un aperçu historique depuis le XVII° siècle, origine des Juifs de Debdou, la légende et l'histoire d'Ibn Mechâal. Morcellement en clans (les Cohen-Saqali et les Marciano). Exemple de domination sur une région par une famille Juive.



A propos de la présence de cette communauté au Maroc, on trouve plusieurs recherches qui expliquent les facteurs qui ont façonné la physionomie de villes marocaines et entre autre du IX° au XI° siècle la physionomie démographique de la Communauté juive de Fès : l'immigration (arrivée massive des juifs d'Espagne, vivement encouragée par les Idrissides) ; l'exil (déportation des juifs sous les Zirides pour habiter le fort d'Achir en Algérie) ; et les persécutions (instabilité constante de la ville sous le gouvernement des Zirides et mouvement anti-Juif). Ben-Sasson Menahem. In. : Mouvements de population et perceptions d'identité : Fès sous les Idrissides et les Zirides

Sefrou, pépinière de rabbins, a été la ville la plus intéressante et de loin la Cité millénaire, qui a pourtant failli à sa mission culturelle. Celle-ci devient prospère dès le XVII° siècle et intéresse presque tous les domaines de la science et des lettres. De nombreuses publications témoignent de la vitalité de la culture Juive à Sefrou. Avec l'installation du Protectorat, la culture et l'enseignement de type européen deviennent les principaux bénéficiaires des nouvelles conditions politiques . La vénération d’une grotte à Sefrou, par les juifs (Kef Lihoud) et de la même grotte par les musulmans (Kef el 'eubbâd).

Stillman Norman A examine la structure sociale de la Communauté Juive marocaine de cette ville. Il analyse le langage parlé de cette communauté dans le cadre de la dialectologie Arabe et dans le contexte des études juives. In. : The Language and culture of the Jews of Sefrou, Morocco : an ethnolinguistic study. Manchester, Manchester University Press, Journal of Semitic Studies, 1988, 172 p., 8 p. de pl., Cartes. Bibliogr. : pp. 157-166.

La culture Juive marocaine et le Judaïsme sépharade sont enracinés depuis des temps immémoriaux dans la réalité Marocaine, sans jamais cesser de partager le destin d'une histoire commune, d'une culture commune tout en y inscrivant les différences qui lui sont propres. (Edmond Amran El Maleh).
Puis, l’envoi d'un Juif marocain comme ambassadeur en Grande Bretagne en 1772, (voir pp. 304-305, & p. 306 : In. : STILLMAN Norman A. The Jews of Arab Lands in Modern Times : A History and Source Book. Philadelphie, The Jewish Publication Society of America, 1991, 473 p.)

Depuis tous les lieux de « dispersion », d’Israël au Canada en passant par la France, de l’Espagne au Brésil en passant par le Vénézuela, la mémoire séfarade fait rayonner sa nostalgie du terreau marocain. Sa contribution historique au patrimoine national expliquent largement cette résistance et cette persistance du Judaïsme Marocain.

Sociologues, historiens, écrivains, intellectuels, universitaires, hommes d’affaires et artistes, presque exclusivement Juifs d’origine marocaine, semblent surtout guidés par une immense aspiration, qui est aussi une conviction : celle de pouvoir jouer un rôle actif en faveur de la paix avec les Arabes (Voir Identité & Dialogue) Plus que d'imaginer quelle paix pour tracer et préciser le portrait d'une communauté Juive Marocaine riche d'histoire.

Pour rafraîchir notre mémoire, il faut rappeler l'initiative d'Identité et Dialogue, mouvement de Juifs originaires du Maroc, et du 1° colloque international du genre qui s'est tenu en Décembre 1978 à Paris. Mais aussi un livre des actes consacré à cet évènement constitue la matière de l’ouvrage dont il faut d'entrée souligner l'intérêt exceptionnel à travers 32 communications, la Communauté Juive Marocaine dans le cadre d'une analyse historique et socio-économique en se penchant sur le passé, en développant le présent et en s'interrogeant sur le futur, pour tracer et préciser le portrait d'une communauté riche d'histoire.

C’est alors qu’on découvrira la singularité d'un destin, la richesse d'une histoire, qui ne trouve pas ses raisons dans le seul passé.

Après l'émigration massive des juifs marocains à la veille et au lendemain de l’indépendance du pays, on aurait pu penser que la page était définitivement tournée et qu'il ne restait plus à la nouvelle diaspora, en Israël, au Canada, en France, que le deuil d'une terre perdue, une nostalgie peuplée de mythes et de soupirs.

Paradoxalement, c'est au plus loin de lui-même que le juif marocain découvre son identité et l'affirme lucidement sans rien estomper de ses dimensions conflictuelles, voire dramatiques.

Quête sans aucun doute complexe, quand on voit l'acharnement haineux d'une certaine propagande qui manipule le passé des juifs marocains, l'histoire de leur vie en terre d'Islam, qu'elle voudrait présenter comme un enfer. Mensonge aussi grossier que l'évocation d'un paradis forgé également pour masquer les réalités de l'histoire. Mais cette revendication d'identité prend tout le poids de sa signification quand elle s'associe à la volonté de dialogue, dialogue ouvert sur le conflit Israélo - Palestinien et appelant de tous ses vœux la paix judéo - arabe.

D’où les nombreuses productions intellectuelles et littéraires recensées dans cette présente bibliographie.

Le but de cette longue recherche bibliographique sur les Juifs du Maroc était de recenser les nombreux travaux publiés sur les divers aspects de l’histoire de ces Juifs et de la vie de leurs communautés. Le premier obstacle rencontré a été la BN à Paris. Aucune chance pour y accéder à plein temps, l’unique opportunité offerte a été longue de 4 heures, le reste du temps a été consacré à la collecte de documents et à la compilation à distance via internet.

En plus de vingt ans, l’abondance et la variété de ces publications sont frappantes, de même qu’est patent l’intérêt des spécialistes en sciences sociales et humaines pour cette composante de la population et de la nation marocaines, depuis la préhistoire jusqu’à notre époque. En effet, plus de 2 colloques par an se sont avec d’importantes communications et publications. A titre d’exemple, plus de 700 nouveaux titres supplémentaires de livres, de thèses de doctorats et d’articles scientifiques ont été recensées depuis les années 1978.

Cette bibliographie recense environ 3000 textes publiés en plusieurs langues : français, anglais, espagnol, allemand, mais aussi en hébreu, en arabe et même en sanscrit c’est-à-dire à l’état naturel. Mais il reste encore environ un millier de thèses de doctorats, articles scientifiques et manuscrits en hébreu en Israël, et environ un autre demi - millier de titres en espagnol et en allemand. Voilà la dernière tâche qui m’attend pour les prochains années à venir.



Mais Il est important de signaler à cet égard l’intérêt singulier porté par les historiens marocains, soucieux de ré - écrire l’histoire du Maroc, aux communautés juives marocaines. Au sein des Facultés des lettres et sciences humaines des Universités Mohammed V de Rabat, Fès - Saïs, Agadir et d’autres villes du Royaume, quelques dizaines de chercheurs ont consacré leurs travaux et préparent actuellement des thèses de doctorat sur les Juifs du Maroc, avec le souci de retrouver et de mieux exploiter des sources bibliographiques (publiées et manuscrites) marocaines, en arabe, en judéo - arabe et en hébreu.

L’originalité de ce travail consiste dans l’utilisation, au Maroc même, des sources en langue arabe, par une vingtaine d’étudiants en doctorat et leurs directeurs de thèses respectifs. Ces étudiants ont bénéficié d’une bourse du Centre de Recherche sur les Juifs du Maroc (CRJM.). Des universitaires marocains ont constitué par ailleurs des équipes de recherche, subventionnées également par ce Centre, dans des régions habitées autrefois par des communautés juives.

Cet inventaire s’adresse aux chercheurs , étudiants, enseignants, mais aussi à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire bimillénaire des Juifs du Maroc Toutefois, cette bibliographie sera particulièrement utile, nous n’en doutons pas, aux chercheurs qui partent dans le monde, travaillent sur les Juifs du Maroc, ainsi qu’à tous ceux qui s’intéressent aux communautés juives marocaines.

Dans quelques années, la moisson de travaux originaux, enracinés dans ces sources marocaines, sera riche et fera sans doute évoluer le regard et les opinions portés sur les communautés juives marocaines, généralement fondées sur des publications d’auteurs non marocains. Ces travaux seront alors recensés dans ce qui sera la mise à jour périodique du présent ouvrage.

Cette bibliographie est fort riche, puisque des sujets aussi divers que les coutumes et les codes religieux, les prescriptions juridiques issues de Castille, les relations judéo - musulmanes, les nouvelles questions identitaires et les problèmes transculturels inhérents à l’émigration, la diversité du patrimoine culturel … sont traités et rappelés tour à tour.

Voilà pourquoi cet ouvrage traduit aussi une volonté de conforter les acquis des recherches et de les diffuser au sein de la nation marocaine et des communautés juives et musulmanes afin de contribuer à leur connaissance réciproque.

L ‘élaboration de cette bibliographie a bénéficié de la précieuse contribution de chercheurs et de spécialistes marocains, et de celle de bibliothèques municipales et universitaires, de centres de recherches et de personnes appartenant aux Communautés Juives d’origine marocaine d’Espagne, de France, d’Israël, des Etats-Unis d’Amérique, du Canada et du Vénézuela et du Maroc.


L’ouvrage recense des lieux de consultation des publications et en fournit les coordonnées pour établir des contacts entre les chercheurs et les institutions (des bibliothèques nationales, universitaires et municipales et celles de personnes auxquelles nous avons rendu visite au Maroc, en Israël, au Canada, aux Etats-Unis, au Venezuela, en Espagne et en France) Il est d’ailleurs prévu d’installer une banque de données informatisée qui rassemblera les données contenues dans cet ouvrage et qui pourra être consultée à distance.

Les publications citées sont classées par thèmes, afin de faciliter le travail de recherche bibliographique. Des résumés, annotations et recensions sont quelquefois ajoutés pour orienter les lecteurs :
Science Religieuse - Philosophie - Hagiographie - Histoire - Droit - Ethnologie - Sociologie - Organisation Sociale - Stratification - Groupes Ethniques - Éducation - Enseignement - Système Culturel - Art/Poésie - Folklore - Démographie - Habitat Humain - Structure Économique - Document - Linguistique - Immigration - Intégration - Absorption. Cela concerne les études de vie de cette communauté dans son quartier, souvent le Mellah sous divers aspects : antécédents, vie économique, rapports avec les musulmans, vie religieuse et Rabbinat, enseignement, fêtes et cérémonies, légendes et superstitions, justice et tribunaux Rabbiniques, évolution sous le Protectorat, rôle de l'AIU et de la France dans le processus d'occidentalisation de ces juifs. Remarques préliminaires : La société Juive Marocaine était essentiellement une société religieuse ; sa créativité intellectuelle a trouvé en grande partie son expression dans les sciences rabbiniques. L'éducation rabbinique est donc un aspect essentiel de la culture Juive au Maroc. Les yeshivot au Maroc étaient beaucoup moins formelles que les yeshivoth de l'Europe de l'Est . Ces yeshivot se développaient localement autour de personnalités connues pour leur réputation en tant que grands savants et leaders spirituels. Ainsi, à Meknès, plusieurs grands rabbins avaient attiré autour d'eux bon nombre d'étudiants illustres.

(…). L'éducation Juive au Maroc suivait, dans ses grandes lignes, le programme idéal tracé par toutes les autorités Sépharades du Moyen - âge. Elle commençait par la Bible, au niveau du Talmud Torah, et finissait par l'étude approfondie du Talmud, de la Halakha et des commentaires bibliques. Ainsi, l'étudiant Juif commençait, au Maroc, l'étude de la Mishna, de la Guémara, avant d'arriver à la Yeshiva.
L'étudiant rabbinique au Maroc avait un comportement pragmatique ; en même temps qu'il approfondissait ses connaissances rabbiniques, il se préparait à une carrière de dayan (rabbin-juge), Chohet (sacrificateur), mohel (rabbin-circonseur), sofer (notaire) etc. » In. : TOLEDANO Henry : Rabbinic Education in Morocco in the 19th and 20th centuries. (L'Éducation Rabbinique au Maroc aux XIX° et XX° siècles). En anglais . In : Juifs du Maroc (Identité et Dialogue). Grenoble, La Pensée Sauvage, Coll. « La Main », Albert Ifrah (dir.), 1980, pp. 202-221. 3 p. de résumés en français. Bibiogr. : pp. 220-221 et Notes.
 


La transcription en caractères latins, adoptée par les différents auteurs ou éditeurs pour les titres en hébreu et en arabe a présenté quelques difficultés. C’est pourquoi nous avons respecté strictement leur transcription afin de faciliter la recherche.


La première des tâches fixée était de publier ce premier ouvrage ; ma propre réflexion me conduit à envisager de lancer une collection destinée à mettre en valeur et à faire connaître le patrimoine culturel du judaïsme marocain, sous ses multiples aspects – religion, art, éducation, société, savoir. J’ai alors été conduit à envisager de m’ atteler à deux autres tâches : faciliter la lecture de thèses en les transformant en livres de collection, traduire ce patrimoine en différentes langues afin d’en assurer la plus large diffusion possible.

A terme, je forme également le projet de diffuser les résultats de recherches menées sur les synagogues et cimetières Juifs marocains.
 


Il y a eu le premier ouvrage rédigé en 1489 et trouvé au Portugal concernant ce patrimoine est celui – d’ : ABUDARHAM : Téfilot (Liturgie) .
Lisbonne, Archives secrètes LC/WDC : Library of Congress. African and Middle Eastern Division. Thomas Jefferson Building, 20540-4722 Washington DC.,
- sur les Juifs du Maroc écrit par un Juif Sépharade. Cet ouvrage a été offert par un mecène Juif à la Library of Congress.
Puis, vers les années 1970, plus de 30 colloques ont été réalisés sur cette communauté.
Enfin, et jusqu’à la découverte surprenante qui a été celle des manuscrits écrits en langue arabe sur les Juifs au Maroc, utilisés par des doctorants et étudiants marocains dans les universités marocaines et à Paris 8 chez le Prof. Ephraïm Riveline et à l’INLCO chez le Prof. Joseph Tedghi lui-même auteur de Ha-Sefer ve-hadfus ha- 'ivri be-Fès (Le Livre et l'Imprimerie Hébraïques à Fès). En hébreu. Jérusalem, Institut Ben-Zvi pour la Recherche sur les Communautés juives d'Orient,1994 (Tachnad ), 208 p. Également disponible à la bibliothèque de l'inlco.
 
« …De tous temps, les rabbins considèrent la rédaction d'ouvrages comme un « précepte religieux… «
« …La communauté juive de Fès se distingua, dès le Moyen-âge, par ses nombreux « maîtres dont la production littéraire couvrit, bien entendu, les disciplines « traditionnelles telles que : exégèse biblique et talmudique, commentaires mystiques, « ouvrages de jurisprudence, recueils de piyyutim etc. et aussi les sciences profanes, « à savoir, la philosophie, l'astronomie, la médecine ou les mathématiques. Dans son « ouvrage Malkhe Rabbanan (Jérusalem, 1931), le rabbin Joseph Benaïm (1882-« 1961) dressa une liste d'un millier d'ouvrages de rabbins Marocains… «
« …Certes, en raison de l'absence d'imprimerie hébraïque dans le pays, la plupart des « livres furent publiés à titre posthume. D'autres restèrent à l'état des manuscrits « quand ils ne furent pas déposés, par ignorance, dans des genizot où ils se « détériorèrent… »
« …Faute de place dans les appartements et les appartements et les lieux d'étude, les « livres furent fréquemment empilés, sans ordre, et devinrent la proie des vers et « autres parasites. Parfois, ils finirent dans les flammes, lors des sacs des quartiers « Juifs… »
« …De nombreux rabbins, en effet, réussirent à expédier leurs écrits à l'étranger pour « les éditer ou n'hésitèrent pas à se déplacer en personne dans ce but. Ce fut le cas, « entre autres, des rabbins Samuel Hagiz et Aharon Aben Hayyim qui quittèrent Fès « respectivement en 1590 et en 1608 et se rendirent à Livourne... «
 



Quelques commentaires sur quelques auteurs choisis parce qu’ils ont accepté de largement collaborer à cette bibliographie :

1. Professeur émérite Haïm Zafrani notre grand maître a consacré plus de 60 années aux études suivantes après 19 publications d’ouvrages et 6 autres en cours en plus de 147 articles scientifiques sur les Juifs du Maroc.

Le Prix  GRAND ATLAS 1999 DE LA CREATION  lui est attribué pour son ouvrage :
"2000 ans de vie juive au Maroc"  Editeur : Eddif, Casablanca
Par ce prix, le jury rend aussi hommage à l'ensemble de l'oeuvre d'un savant internationalement réputé.

Il se base sur les écrits Juifs de première main, sur les Taqqanot et les Responsa depuis l’expulsion d'Espagne et du Portugal, la relation des mésaventures des Juifs expulsés, leur nombre, les Megorashim et les Toshabim, la pensée juridique et ses environnements socio-économiques et religieux, ces Taqqanot, droit familial et statut des personnes (régime matrimonial castillan), la communauté (structure et institutions), la vie économique, le statut politique et l'histoire événementielle, la poésie et la musique, l'histoire de la Kabbale, la mémoire Judéo - Maghrébine. Il synthétise ses propres travaux antérieurs exhaustifs sur l'éducation, l'enseignement, la société Juive en nous conduisant à l'échelle de l'histoire du Judaïsme Marocain qui a touché d'autres Communautés Juives en Ouzbékistan, à Tachkent, en Inde, au Kurdistan, en Birmanie.

C'est à travers l'étude d'une œuvre mystique du grand kabbaliste Marocain du XVI° siècle, Jacob Bu Ifergan, que l'auteur a voulu marquer l'importance et l'apport de la littérature mystique Juive du Maghreb. Il trace le portrait du lettré - homme d'affaires Juif ainsi que du lettré - artisan et du lettré - voyageur dont le rôle dans les échanges des idées et des marchandises dans le monde Méditerranéen est primordial. Plusieurs figures du Judaïsme Marocain sont citées comme exemple d'érudition et de célébrité tels Rabbi Judah Ben Attar (XVII° siècle), Khlifa Ben Malka (XVIII° siècle) ainsi que d'autres grandes célébrités des temps modernes. Celles-ci entretenaient des solides relations commerciales et culturelles avec les communautés Juives du pourtour Méditerranéen en général et celles du Moyen-Orient en particulier.

Dans son ouvrage Pédagogie Juive en Terre d'Islam, l'enseignement traditionnel de l'Hébreu et du Judaïsme au Maroc, il analyse l'enseignement et l'éducation des Juifs du Maroc en donnant un aperçu historique sur la tradition Juive en matière de l'éducation (basée essentiellement sur la Bible et le Talmud) et explique les caractéristiques essentielles de l'enseignement Juif en pays Musulmans ; L'école traditionnelle Juive au Maroc : origine et évolution de l'enseignement traditionnel Juif au Maroc, types d'enseignement (filles, lettrés, adultes, etc…), matières enseignées, rapports enseignants -enseignés, méthodes d'enseignement, enseignement avancé, etc…Le Temps des Mutations et des Réformes : intervention de l'AIU dans l'enseignement Juif au Maroc, le sionisme et l'Hébreu, moderne, et la réforme des études talmudiques ; Des auto - biographies de Rabbins Marocains : dont celles de R. Yosef Benaïm et R. Yosef Mesas, et leurs contributions à la tradition enseignante Juive ; 5. Textes Judéo - Arabes du Maroc : quelques particularités linguistiques du Judéo - Arabe de Marrakech et de Tinrhir (textes extraits de l' Exode, Jérémie, Traité des Pères)

Il a aussi étudié et recherché sur la Vie Intellectuelle Juive au Maroc de la fin du XVe au début du XXe siècle : Pensée juridique et l’environnement social, économique et religieux.
 Il analyse la vie économique, sociale et religieuse des Juifs du Maroc . Il étudie entre autre la Poésie Juive en Occident Musulman, la poésie ancienne et moderne, sacrée et profane, des Juifs du Maghreb et de l'Espagne, ainsi que l'art poétique et les techniques de composition les littératures dialectales et populaires Juives en Occident Musulman . Mais il examine également la tradition écrite et orale des Juifs du Maroc et ses caractéristiques linguistiques (remarques phono - morphologiques de l'Arabe et du Berbère) et thématiques (sacrée et profane). Son 3° volet d’étude porte sur les Études et Recherches sur la vie intellectuelle Juive au Maroc de la fin du XV° siècle au début du XX° siècle : langues Juives du Maroc, exégèse biblique et talmudique, littérature juridique, poésie, littérature mystique et kabbale, littératures orales.
Il y souligne également l'originalité profonde de ce Judaïsme Marocain dans sa vie quotidienne, son expression culturelle, ses rites et coutumes. C'est un Judaïsme aux couleurs Marocaines ou une émanation Juive du patrimoine Marocain. Le brassage avec les expulsés d'Espagne a enrichi ce patrimoine. Le Judaïsme Marocain a été très actif à l'intérieur comme vis-à-vis de l'extérieur, mais son handicap s'explique par la situation politique et économique du pays, qui a accumulé du retard dans beaucoup de domaines.

Dans son livre, Kabbale, Vie Mystique et Magie : Judaïsme d'Occident Musulman, il rétablit une dimension de la production intellectuelle du Judaïsme Marocain en tant que composante de l'Histoire du Maroc.
 La Kabbale reste, avec son ouvrage de base, le Zohar, pour des générations de fidèles, le prolongement de la Bible et du Talmud. La magie fait effectivement partie du legs des Kabbalistes et, en amont, du Talmud. L'isolement, le détachement, la concentration dans la prière, particulièrement nocturne, le même éloge de la pauvreté, la même recherche, par-delà la lecture "externe" du sens "interne" du texte sacré, sont développés dans les écrits des écoles du soufisme et de la Kabbale. Les auteurs Juifs Arabophones ont reçu directement l'influence des soufis qui s'est répandue en Europe par l'intermédiaire des traductions Hébraïques et a influencé à des degrés variables la mystique des diverses confessions.
Le Zohar ou Livre de la Splendeur est né en Espagne Chrétienne à la fin du XIII° siècle et se présente comme une réaction contre le rationalisme et la philosophie, contre l'argent et les riches corrompus, et évidemment, contre le péché, dans une recherche de la pureté dans l'humilité et la pauvreté. Le Zohar et la Kabbale ont connu et connaissent au Maroc un immense succès, tant pour la production littéraire mystique pure que pour ses liens avec la pensée Juridique, la poésie, le chant, la vie religieuse et quotidienne. Les lectures kabbalistiques se sont développées au Maroc avec des auteurs immigrés d'Espagne ou natifs de Fès. Haïm Zafrani analyse dans ce livre les œuvres des Kabbalistes Marocains Toshabbim - Marocains de souche : très nombreux et prestigieux.
 



2. Michel ABITBOL qui est Israélien, de formation historien et africaniste, est professeur à l’Institut des Etudes Africaines et Asiatiques de l’Université Hébraïque du Mont Scopus de Jérusalem. Il est spécialisé de l’Histoire du Moyen Orient et des Sciences Politiques. Il soutiendra son Doctorat à la Sorbonne.

Son livre : Le passé d'une discorde - Juifs et Arabes du VIIème siècle à nos jours , Paris, Editions Perrin, 1999 a été couronné par le Prix Thiers d'Histoire et de Sociologie de l'Académie Française.

Il a publié 9 ouvrages sur le monde juif et le monde musulman, à l’époque moderne et contemporaine.
1. Témoins et Acteurs - Les Corcos et l'histoire du Maroc contemporain, Ben-Zvi Institute, Jerusalem, 1978
2.Tombouctou et les Arma, Paris, Maisonneuve et Larose, 1979.
3.Tombouctou au milieu du XVIIIème siècle, Union Académique Internationale, Fontes Historiae Africanae, series Arabica VII, Paris, Maisonneuve et Larose, 1982, XII+85+18pp.
4. Les Juifs d'Afrique du Nord sous Vichy, Paris, Maisonneuve et Larose, 1983, 220pp. Traduit en hébreu (Institut Ben Zvi, 1985) et en anglais chez Wayne State University Press (1989)
5. Les Deux Terres Promises - Les Juifs de France et le Sionisme (1897-1945), Paris , Olivier Orban, 1989
6. De Crémieux à Pétain - Antisémitisme et Colonialisme en Algérie [hebreu],Jérusalem,Shazar Center,1993
7. Tujjar al-Sultan : Une élite économique judéo-marocaine au XIXème siècle Jérusalem,, Institut Ben Zvi, 1994
8. Tujjar al-Sultan - Les commerçants du Roi, Paris, Maisonneuve et Larose, 1998


Puis 4 Monographies

- Le Judaïsme nord-africain aujourd'hui, Jérusalem, Institute of Contemporary Jewry (1979) (hébreu)
- Colonialism, Traditional rule and Modern Nationalism in Tunisia,Algeria and Morocco Tel-Aviv, Open University, 1981
- The Relationships between North Africa and Western Africa, Tel-Aviv, Open University,1981
- Expressions et manifestations d'identité ethnique et religieuse chez les Juifs de France, Jérusalem, Institute of Contemporary Jewry,1981 (hébreu)


Encore 2 Ouvrages en préparation Sur :

- Islamisme, Judaïsme et Christianisme - Visions anciennes et nouvelles Perrin
- Les Juifs et les Autres, PUF


Il participe à 7 ouvrages Collectifs

- Judaïsme d'Afrique du Nord aux XIXème-XXème siècles, Jérusalem ,Institut Ben-Zvi , 1980.
- Communautés juives des marges sahariennes du Maghreb, Jérusalem, Institut Ben-Zvi , 1982,
- en collaboration avec S.N.Eisenstadt et N. Chazan, The Early State in African Perspective, Leiden, E.J.Brill, 1988.
- Relations judéo-musulmanes au Maroc: perceptions et réalités, Paris, Stavit-CRJM, 1997
- en collaboration avec Florence Heyman, La nouvelle historiographie israélienne, Paris, Editions du CNRS, 1998
- Monothéismes et Tolérance , Paris, Albin Michel, 1998
- avec Guy Dugas,Israël –Rêve d’une terre nouvelle, Paris, Omnibus, 1998


et enfin, il a écrit 56 Articles scientifiques

Son palmarès de Professeur et Chercheur s’inscrit dans la longévité en qualité de
• Research Fellow de l’Institut Truman de l’Université Hébraïque de Jérusalem
• Professeur au Départements d'Etudes Africaines et Institut d’Histoire du Judaïsme contemporain,
• Directeur du Centre de recherche sur les Juifs d’Afrique du Nord, Institut Ben Zvi, puis Directeur de cet Institut Ben Zvi,
• Directeur de l'Ecole Propédeutique de l'Université Hébraïque de Jérusalem et sera également Professeur-Associé à l’EHESS, CNRS ,UPR 208 Paris .
• Il travaillera longuement comme Président du Conseil Scientifique de l'Institut Misgav de Jérusalem d’Etudes Sépharades
• Il est Lauréat du Prix du Président de l'Etat d'Israël , et Prix Thiers d'Histoire et de Sociologie de l'Académie Française, Professeur-Invité à l’Institut d'Etudes Politiques de Paris et Chercheur-associé au Centre d'Etudes et de Recherches Internationales, Fondation Nationale des Sciences Politiques,
• Président du Comité Supérieur d'Histoire - auprès du Ministère de l’Education Nationale Directeur Scientifique, Centre International de Recherche sur les Juifs du Maroc (Paris, Rabat, Jérusalem), Titulaire, Chaire Robert Assaraf d’Histoire du Maroc et des Juifs du Maroc, Université Hébraïque de Jérusalem
• Président du Comité Scientifique de l’Institut Truman pour la Promotion de la Paix, Université Hébraïque de Jérusalem
• Directeur de la Pédagogie - Ministère Israélien de l'Education Nationale
• Président du Comite consultatif israélien de l'UNESCO
• Membre du Comité Exécutif du Centre Rabin (Tel-Aviv)

Il explique les échanges commerciaux entre l'Afrique du Nord et le Soudan Occidental du VIII° au XVI° siècle ayant connu 4 périodes qui sont autant de phases dans la participation des Juifs dans ce trafic :

1. La première période (VIII-XI siècle) voit la mise en place de l'infrastructure humaine et économique qui permettra aux Juifs de prendre part au trafic transsaharien.
2. La deuxième période (XI-XIII siècle) connaîtra la formation et la grandeur de deux empires, Almoravide et Almohade, sous lesquels le commerce avec le Soudan connaîtra un essor considérable.
3. La troisième période (XIV-XV siècle) pourrait être considérée comme « l'Age d'or » du trafic transsaharien, en général, et celui de la participation multiforme des juifs Maghrébins dans ce commerce, en particulier et
4. La quatrième période (XV-XVI siècle) est une phase de bouleversements et de mutations profondes qui conduira au déclin du commerce transsaharien et à la déchéance économique des Communautés juives d'Afrique du Nord, particulièrement des Juifs Marocains.

Ensuite, il constate « combien les mêmes acteurs (Les Juifs du temps de l'Inquisition) avaient pu changer de position et d'attitude suivant qu'ils se trouvaient d'un côté ou de l'autre du détroit de Gilbraltar. Inquisition et conversions forcées au Nord, coexistence et même symbiose Judéo-Chrétienne au Sud ».

Ensuite, à travers les archives des Corcos, influente famille Juive de Mogador / Essaouira, Michel Abitbol met en lumière les spécificités des relations que nombre de Juifs Marocains entretenaient au XIXe siècle avec l'élite politique (le Sultan même) et économique du pays.

Il écrit le premier ouvrage global sur la politique juive de Vichy au Maghreb entre 1940-1943. Également paru en Hébreu sous le titre "Yahadut Tsefon-Afrikah ha-yom, 1981, Ha-Universitah ha-'Ivrit bi-Yerushalayim". Le présent ouvrage se propose d'étudier la politique antijuive de l'Etat Français sous Vichy (ses précédents, son application et ses effets), et met l'accent sur la vague antisémite qui a suivi en Afrique du Nord dans les années quarante, faisant subir aux Juifs Maghrébins l'une des tragédies les plus sanglantes de leur histoire.

Enfin, il démontre comment le facteur colonial a réussi à détériorer les relations entre Juifs et Musulmans et à modeler le tissu socio-politique marocain. Celui-ci aurait pour conséquence la « promptitude des Juifs à plier bagage - après l'indépendance - pour le moindre incident, (…) alors que pendant plus de deux mille ans ils ont fait preuve de patience ».




                                          




3. Tahar Ben Jelloun : Écrivain marocain de langue française, né en 1944, à Fès au Maroc, Tahar Ben Jelloun est écrivain marocain de langue française.

Son œuvre littéraire constitue une variation sur les différents thèmes du déracinement et du déchirement qu'impose à un être le partage entre deux cultures (Cicatrices du soleil, 1972 ; Les amandiers sont morts de leurs blessures, 1976 ).
Poète (le Discours du chameau, 1974 ) ou romancier (Harrouda, 1973 ), se plaçant dans une perspective tantôt plus concrète, en étudiant par exemple la misère spirituelle et affective du travailleur émigré (la Plus Haute des solitudes, 1977 ), tantôt plus symbolique (la Prière de l'absent, 1981 ; la Nuit sacrée, 1987, prix Goncourt ; Jour de silence à Tanger, 1990 ; les Yeux baissés, 1991 ; l'Ange aveugle, 1992 ), il ne cesse de relever les traces des agressions, qui ont marqué le corps et le cœur de l'homme. Parmi ses dernières publications, on compte : Poésie complète (1966 -1995 ), 1995, ou les Raisins de la galère, 1996.(In ; Hachette voir site Wanadoo-Voilà)

Nourri des mythes, légendes et contes ancestraux du Maghreb, l'univers de Ben Jelloun mêle la vie moderne, l'émigration et la tradition pour proposer de subtils portraits où affleure le déchirement d'êtres prisonniers de plusieurs univers. Tahar Ben Jelloun n'hésite pas à donner la parole aux exclus pour mettre en exergue, à travers la vie quotidienne, les sujets tabous et les travers de la société. « La nuit sacrée » a reçu le Prix Goncourt en 1987, ce qui a donnée à Tahar Ben Jelloun une notoriété qui va bien au-delà de la France et du Maroc. Son œuvre est traduite dans une vingtaine de langue.


4. Edmond Amran EL MALEH quant à lui, a essayé de restituer, par accumulation de quelques traits, la biographie de Bu Ifergan, l'un des grands kabbalistiques du Sud Marocain et défenseur de la langue sacrée Hébraïque et s’inquiète de la culture juive marocaine qui disparaît : aux Juifs berbères de l'Atlas, présents jusqu'à une date récente, sont venus s'ajouter les Juifs exilés chassés de l'Espagne par l'Inquisition. Au vu et au su de la langue maternelle parlée (Arabe et Berbère) et du costume porté (Djellaba, babouches, châle, foulard…), il est difficile de dire, surtout dans les campagnes, qui est Juif et qui ne l'est pas. La littérature, les arts populaires et les traditions, la poésie, la cuisine révèlent l'authenticité et la sensibilité de la personnalité Juive marocaine : musiciens, chanteurs, compositeurs, orchestres, joaillerie, bijouteries… Puis la tourmente et l'histoire, l'acculturation et le départ créent un vide immense. A ce sujet, on se référera à Tahar Ben Jelloun lorsqu’il titrait son article : “Symbiose. Quand Juifs et Musulmans chantaient en semble : Pendant des siècles, Juifs et Musulmans du Maroc ont dit les mêmes poèmes, chanté les mêmes chants.“ Haïm Zafrani & Edmond Amran El Maleh ont recueilli ces témoignages sur un feuillet dans le Monde du Dimanche daté du 17 Février 1980.


5. Daniel Schroeter est Professeur and “ Teller Family Chair” en Histoire Juive au Département d’Histore de l’University of California, à Irvine.

Il a travaillé depuis 1978 sur l’histoire de la présence des juifs au Maroc et affirme quant à lui qu’il reste pratiquement plus de traces des 200 communautés juives et plus disséminées dans les villages des montagnes du Haut – Atlas et dans les vallées du Centre et du Nord du Maroc.

Daniel se demande quand les juifs arrivèrent-ils dans ces régions rurales éloignées, souvent situées à quelque distance des grandes cités du Maroc ? Selon lui, des juifs ont vécu parmi les Berbères, premiers habitants connus de l'Afrique du Nord, depuis l'Antiquité. Les origines du judaïsme marocain sont enveloppées de mystère et font l'objet de nombreuses légendes. Les juifs d'Oufrane (Ifrane), dans les monts de l'Anti-Atlas, soutiennent que leurs ancêtres arrivèrent plus de deux mille cinq cents ans auparavant, fuyant Jérusalem lors de la conquête babylonienne.
« Les historiens arabes du Moyen Âge furent les premiers à consigner la tradition « selon laquelle des tribus berbères (Amazigh ; pluriel Imazighen) se seraient « converties au judaïsme plusieurs siècles avant l'arrivée de l'islam, au VIIe siècle de « l'ère chrétienne. Des documents historiques attestent l'existence de nombreuses « communautés juives dans la vallée du Dra, dans le Sous, dans le Haut Atlas et sur « la bordure saharienne depuis le Moyen Âge. Bien que les voyageurs du XIXe siècle « et les administrateurs coloniaux du XXe siècle aient considéré ces juifs comme « isolés du vaste monde, les diverses cultures des juifs de l'arrière-pays berbère « indiquent leurs origines variées : israélite et berbère, arabe et séfarade.

« Les juifs étaient intégrés au tissu culturel du Maroc rural, ils avaient des coutumes « communes avec leurs voisins musulmans : l'habillement, la nourriture, la « vénération de saints hommes et, à l'occasion, de saintes femmes, ainsi que les « rythmes et les modes de la vie quotidienne. Les liens sociaux et économiques « entre les juifs et les musulmans dans les régions de culture berbère étaient très « étroits, bien que chaque groupe ait aussi gardé des traits culturels distincts et des « limites religieuses très strictes. Alors que dans toutes ces régions les juifs parlaient « berbère, car d'aussi loin que les gens se souviennent, ils parlaient l'arabe « vernaculaire (avec des tournures spécifiquement juives) dans la plupart des « mellahs, comme leur langue maternelle. Ils écrivaient en judéo - arabe, employant « des caractères hébraïques pour transcrire leur parler marocain. Bien que la « nourriture consommée par les juifs ressemblât beaucoup à celle des musulmans, « leurs lois alimentaires leur interdisaient de consommer des repas préparés dans « des maisons non juives. Par ailleurs, ils pouvaient manger des œufs, des olives, du « miel, de l'huile ou des produits laitiers chez leurs voisins. Alors que les costumes « des juifs et des musulmans paraissaient très semblables, un examen approfondi « révélait presque toujours des signes distinctifs chez les juifs, qu'il s'agisse de la « couleur du vêtement du dessus ou bien de la sorte de coiffe portée par les femmes « et par les hommes. La loi islamique stipulait que les dhimmis devaient porter un « vêtement les distinguant des musulmans (et leur interdisait par exemple le port « d'un turban), mais dans le pays berbère, les traits distinctifs permettant de « reconnaître les juifs relevaient davantage de la coutume que de l'exigence légale.

« Les pratiques religieuses des juifs de l'Atlas et du Sahara étaient communes à tout « le monde juif et spécifiques au Maroc dans son ensemble. De même que n'importe « où ailleurs dans le monde juif, l'étude des textes sacrés était au centre de « l'éducation juive, qui commençait avec la mémorisation par cœur de la Torah par « les jeunes garçons. Traits communs à toutes les communautés à travers le Maroc, « les études cabalistiques, la vénération du Zohar et les pèlerinages annuels « (hilloulot) sur les tombes des saints hommes (tsaddiqim) faisaient intégralement « partie de la vie religieuse du judaïsme dans l'Atlas et le Sahara. Les juifs des « régions du Sud avaient le même corpus de poésie liturgique que les juifs des « autres régions du Maroc, et aussi leurs propres poètes locaux (payytanim). Tandis « que leurs rites et leurs pratiques, scandant les cycles journaliers, hebdomadaires et « annuels, différenciaient les juifs de leurs voisins musulmans, les deux « communautés s’accommodaient remarquablement du calendrier religieux de l'une « et de l'autre, modifiant les modes de leurs rapports à la fois par nécessité et par « compréhension mutuelle. Les marchés avaient rarement lieu le samedi dans les « régions habitées par des juifs : les musulmans avaient adapté leur semaine au jour « de repos juif. L'époque de l’anmuggar (terme berbère désignant la saison des « récoltes) – combinant la foire et le pèlerinage sur la tombe des personnalités « révérées – donnait aux juifs l'occasion de faire commerce et de vendre des biens « aux pèlerins musulmans, tandis que les musulmans fournissaient de la nourriture et « des provisions aux juifs qui fréquentaient les nombreuses hilloulot dans les « sanctuaires des saints.




6. SEPHIHA Haïm Vidal dans le Judéo - espagnol au Maroc, tient compte de l'évolution linguistique des Juifs expulsés d'Espagne et leur assimilation aux communautés Juives qui les ont accueilli en adoptant leurs langues. Au Maroc, si nombre de ces Juifs se sont assimilés linguistiquement aux Judéo - arabes ou aux Judéo - berbères, d'autres, par contre, ont imposé les variétés de l'espagnol vernaculaire qu'ils ont emporté d'Espagne ; c'est le cas notamment des Juifs installés au Nord du Maroc dont le parler, en l'occurrence la haketya, est étudié ici par l'auteur. In. : In : Juifs du Maroc (Identité et Dialogue). Grenoble, La Pensée Sauvage, Coll. « La Main », Albert Ifrah (dir.), 1980, pp. 85-97. Actes du Colloque International sur la Communauté juive marocaine : histoire sociale et évolution. Paris, 18-21 Décembre 1978. Bibliogr. : pp. 95-97.

7. KENBIB Mohammed contribue à l'Histoire des Relations Inter-Communautaires en Terre d'Islam : Juifs et Musulmans au Maroc pour la période 1859 - 1948. Mais remontant aux Juifs dans une Cité Sainte de l'Islam : Fès Médiévale, un carrefour de l'Orient à l'apogée d'un rêve, il explique que depuis sa création par Idriss II (791-829), Fès compta une population Juive qui joua un rôle considérable dans le façonnement de l'identité de cette métropole de l'Islam. Puis, cette Communauté juive a connu une grande quiétude et un apogée à Fès. Les Mérinides (1258-1471) se sont appuyés sur elle et sur son dynamisme pour assurer leur rayonnement. Elle put bâtir son épanouissement culturel en partie sur la base de la prospérité que lui assurait son dynamisme dans l'artisanat et le commerce à grande distance auquel s'adonnaient ses grands négociants principalement avec l'Orient, le Soudan et l'Europe Méditerranéenne. Cette population grossie par l'arrivée de vagues successives de Juifs venus de Castille et d'Aragon (1391-1392) fut estimée en 1451 à 4000 personnes sur 50 000 que comptait la capitale Idrisside. Exerçant un monopole sans partage sur l'orfèvrerie, la frappe des monnaies, le travail du cuir et des laines, la fabrication des armes, les Juifs intervenaient aussi dans l'agriculture (oliviers, figuiers, vignobles et surtout céréales). Appréciés par les souverains Mérinides, les Juifs réussirent peu à peu à avoir la haute main tant sur le gouvernement et sur l'administration de la Cité Idrisside. Ils furent les alliés objectifs d'un parcours qui devait faire face au fondamentalisme et à l'opposition de la population fassie et de ses rivaux. Les nouveaux apports des nouveaux venus d'Espagne marquèrent d'une empreinte indélibile le mode de vie raffiné de la bourgeoisie Juive de Fès.

Dans son ouvrage-phare : Yahoud ul-Maghrib. 1912-1948 (Les Juifs du Maroc).
En Arabe (Traduit du Français par Idriss Ben Saïd). Rabat - Université Mohammed V, Publication de la Faculté des Lettres, 1998, 379 p., il bénéficie de la Préface d’André Azoulay, conseiller du Roi du Maroc.
Extrait de la préf.

« La Communauté Juive Marocaine aura finalement survécu à plusieurs séismes majeurs au cours du siècle qui se termine. Le choc culturel et social né du Protectorat, la dégradation des relations Judéo - Musulmanes après la création de l'Etat d'Israël et enfin et pour beaucoup, la rupture avec l'espace original du fait d'une émigration massive n'auront pas suffi en effet, à dissuader près d'un million de Juifs dans le monde de continuer à se référer à leurs racines marocaines. La profondeur de l'enracinement plus que bimillénaire de cette communauté, son poids démographique et sa contribution historique au patrimoine national expliquent largement cette résistance et cette permanence du Judaïsme Marocain. Cela est particulièrement réconfortant et prometteur, mais le futur sera aussi déterminé par la rigueur que nous saurons attacher à l'écriture et à la lecture de cette exceptionnelle destinée. Car en effet, les travaux traitant de l'histoire comme du vécu contemporain de la Communauté Juive Marocaine, ont connu ces dernières années une évolution paradoxale. Nous sommes passés successivement de l'occultation au folklore et de la nostalgie à l'exploitation parfois abusive d'un thème devenu à la mode (…). Les travaux de Mohammed Kenbib sur les relations Judéo - Musulmanes au Maroc à l'époque contemporaine s'inscrivent quant à eux dans un cadre strictement universitaire. Ils se fondent sur la rigueur et les normes scientifiques. L'auteur leur a consacré près de vingt ans de recherches dans les fonds d'archives au Maroc, en France, en Grande Bretagne et aux Etats-Unis. Ses investigations ont été couronnées par la soutenance d'une thèse de doctorat d'Etat à l'Université Paris I - Sorbonne en 1992. Ainsi qu'en témoignent des spécialistes de renommée internationale appartenant aux universités européennes et américaines les plus prestigieuses, son approche, qui se veut globale, est d'une extrême rigueur et ne relève pas d'un parti pris affiché si ce n'est celui de comprendre et de faire comprendre (…) le vécu du Judaïsme Marocain entre 1859 et 1948 et l'évolution des relations Judéo - Musulmanes pendant cette période font partie tout à la fois des pages les plus riches du livre d'histoire du Maroc et celui de ma communauté.

 Mais ces pages relatent aussi ces années d'ombre et d'ambiguïté où le non-dit et un discours jusqu'à présent largement exogène ont imposé une lecture parfois contrastée ou suspecte des événements et de l'action des hommes pendant cette période. Plus d'un siècle après, il est temps de remettre notre mémoire en ordre. Mohammed Kenbib y contribue de façon magistrale en tordant le cou à quelques idées reçues à partir desquelles on a, par exemple, trop souvent amalgamé ou identifié le phénomène dit des "Protections" ou des "naturalisations" à la seule Communauté Juive. A partir de ces idées on a aussi largement occulté le dessein extérieur européen qui, dans une démarche qui ne doit rien à l'improvisation, a installé une logique et une hiérarchie des valeurs et des identités qui avait in fine pour objectif de pénétrer et de contrôler les instances de décision et d'arbitrage de l'Etat marocain, tout en jouant au passage du clivage religieux entre Juifs et Musulmans. Avec méthode, rigueur et précision, Mohammed Kenbib analyse un à un les chapitres les plus complexes de cette partie déterminante de notre Histoire moderne. Du régime des capitulations à celui des protections, et des protections au Protectorat, nous y voyons désormais plus clair.

 Et il est remarquable, concernant l'histoire de la Communauté juive précisément que ce soit un chercheur Musulman qui, rompant avec l'approche dogmatique ayant généralement caractérisé les écrits relatifs aux Juifs du Maroc, contribue à rétablir les faits et à les analyser de manière méthodique. Ce travail a fait l'objet d'un ouvrage d'abord publié en Français et ayant pour cadre chronologique la période allant de la guerre hispano-marocaine de 1859-1860 à 1948. L'ouvrage qui nous intéresse aujourd'hui est publié en Arabe et il faut en souligner le symbole. Il fait une analyse exhaustive des facteurs tant internes qu'externes qui ont infléchi l'évolution des relations entre Juifs et Musulmans au Maroc entre 1912 et 1948. Dans le cadre général des mutations économiques, sociales et culturelles crées par le Protectorat et la division du pays en trois grandes zones (Française, Espagnole et Internationale), sont ainsi étudiées les retombées sur le plan intercommunautaire de la « politique indigène » adoptée par le général Lyautey et ses successeurs, les "répercussions marocaines" des bouleversements survenus sur la scène européenne à partir de 1933, l'onde de choc des événements du Moyen-Orient, et la tourmente dans laquelle le monde a été plongé entre 1939 et 1945 (…). Juifs et Musulmans ont été pendant cette période les acteurs solidaires et efficaces de l'ouverture du Maroc sur l'Europe en particulier et de l'insertion du Royaume dans les grands courants géopolitiques et commerciaux. Le Maroc avait l'ambition d'être un acteur à part entière dans la communauté des nations. Cela est particulièrement vrai si l'on pense au rôle de notre flotte sur les grandes routes commerciales, ou à la créativité du Makhzen, avec la fondation d'Essaouira en 1765, dotée d'un statut qui se révèlera être bien avant l'heure celui d'une zone financière et commerciale "Off shore". Approche visionnaire de Sidi Mohamed ben Abdallah, un Sultan en avance sur son temps et démonstration éloquente de la richesse et de l'expertise des hommes et des femmes qui, depuis Mogador, allaient partir, avec succès, à la conquête de marchés lointains et donner au rayonnement diplomatique du Royaume un éclat qui a fait date. A cet égard, le travail de Mohammed Kenbib reste d'une étonnante modernité, qu'il s'agisse du débat encore très actuel autour du rôle central de l'Etat, garant de la souveraineté et de la cohésion nationales, ou des atouts et des risques inhérents à une stratégie d'ouverture volontariste vers le reste du monde

8. Joseph Chetrit, actuel vice-recteur de l’Université de Haïfa et ancien doyen, a mené depuis 30 ans des recherches en syntaxe et en lexicologie et de la Culture Juive en Afrique du Nord sous ses multiples aspects historiques, littéraires, linguistiques, socio - discursifs et musicaux mettant à contribution sa formation française à la recherche en sciences humaines.
Il a publié dans ses différents domaines de très nombreuses études sur la poésie hébraïque et la poésie judéo - arabe en Afrique du Nord, sur le discours juif traditionnel et moderne, sur la haskala hébraïque et judéo – arabe, sur la langue des femmes juives du Maroc, sur le théatre juif au Maroc. Il découvre enfin la poétesse hébraïque Friha Ben Adiba quoi a vécu au Maroc et à Tunis dans la première moitié du XVIII° Siècle et se plonge sur les communautés juives en milieu berbérophone au Maroc et sur la formation et l’évolution de la communauté juive de Mogador (Essaouira). Il continue de sillonner tous ces pays d’Afrique du Nord en témoignant sur les différents aspects de la vie juive avant la dispersion des communautés. C’est ainsi qu’il a recueilli les traditions des proverbes, du chant et de la poésie orale des femmes juives et documenté des dizaines de dialectes judéo – arabes en voie d’extinction dont un vaste corpus de textes et d’interviews illustrant le dialecte judéo – arabe de Meknès. Il a fondé à l’Université de Haïfa une collection d’études : Miqqedem Umiyyam dont le 8° volume est en préparation.





9. Mikhaël Elbaz de l’Université de Laval à Québec, entreprend de démontrer que l'actuelle condition inférieure des citoyens juifs orientaux en Israël n'est ni le fruit du hasard ni la conséquence inéluctable de leur "arriération" culturelle, mais le produit d'une entreprise de "colonisation intérieure". Il met en cause les structures du régime : « Les lieux stratégiques du pouvoir politique (gouvernement, Agence Juive, Histadrout) sont occupés par les Occidentaux qui s'assurent ainsi un contrôle sur la constitution de la force de travail ainsi que sur l'accumulation du capital » (p. 230). Ainsi est contrainte à la marginalisation une population effectivement majoritaire.

Formé à la frontière des études orientales, de la sociologie et de l'anthropologie, il a maintenu un intérêt particulier pour les formes élémentaires de l'ethnicité, de la construction et de la déconstruction des logiques culturelles dans la modernité. Depuis deux décennies, ses recherches ont porté sur l'économie politique des clivages ethniques en Israël - Palestine, la recomposition de la diaspora juive et le transnationalisme, les politiques de l'identité et de la différence.
Ses recherches actuelles portent sur le multiculturalisme et la citoyenneté, la réécriture de la mémoire chez les Juifs marocains dans le monde, les enjeux posés par le sida et la propagande haineuse. Théoriquement, ces objets exigent de travailler à la frontière entre droit et anthropologie, ethnicité et pouvoirs, structures cognitives et tournant postmoderne, biopouvoir et biosocialité

10. Chantal de la Veronne dans Vie de Moulay Ismaël, Roi de Fès (réellement Roi de Meknès) et de Maroc (d'après Joseph de Léon 1708-1728). Paris, Ed. Paul Geuthner / C.N.R.S., 1974, p. 68, consacre une page sur les Juifs : La Communauté juive était commandée à l'époque par Abraham Maïmouran, personnage important résidant à Meknès et jouissant d'un très grand crédit auprès du Sultan. A Meknès, les Juifs vivaient presque uniquement du commerce et n'exerçaient que les métiers de joailliers et de tailleurs. Ils ne pouvaient pas porter d'armes. Quant aux Juifs convertis à l'Islam, ils ne pouvaient ni servir dans l'armée ni exercer une charge officielle. Ils ne devaient épouser que des Juives converties ou des descendantes de Juives converties.

11. Abraham Isaac LAREDO dans Les Pourim de Tanger, explique Purim qui désigne la fête qui commémore le salut des Juifs échappés au massacre dans l'empire d'Assuérus, sur l'intervention d'Esther. Il y a aussi des pourim locaux. Ainsi, la Communauté Juive de Tanger en célèbre deux : Le Purim Sebastiano ou Purim de los Cristianos ou Purim Edom, qui commémore la victoire remportée par le sultan Moulay 'Abd-el-Malek sur Don Sebastien, roi de Portugal, à la bataille des Trois Rois, sur l'Oued El-Mkhâzen, le 4 Août 1578; - et le Purim de las bombas, qui commémore le bombardement de Tanger par l'escadre française du Prince de Joinville, le 6 Août 1844, ou plutôt le fait que la communauté n'y subit aucun dommage.

Il distingue dans un autre ouvrage des noms de formation hébraïque, espagnole, arabe, berbère, etc.

Il écrit Les Taqqanot des Juifs Expulsés de Castille au Maroc, régime matrimonial et successoral, intéressante étude sur le conflit juridique (sociologique au fond) qui s'éleva entre les Juifs émigrés d'Espagne et les Juifs du Maroc. Les premiers imposèrent en beaucoup de villes, au moyen de taqqanot (consultations juridiques), une interprétation de la loi mosaïque qui, sous le nom de "coutumes de Castille", a régi longtemps la majeure partie des communautés Israélites du Maroc.

12. Sarah LEIBOVICI dans ses Chroniques des Juifs de Tétouan, 1860-1896 nous montre qu’elle connaît très bien le Judaïsme marocain et en particulier celui de Tétouan. Elle nous présente ici l'histoire des Juifs de la « Petite Jérusalem » durant la deuxième moitié du XIX° siècle (1860-1896) en se basant sur les précieux Archives de l'AIU. Elle nous livre de précieuses informations sur la vie quotidienne de cette Communauté « traditionaliste, Séfarade et Hispanophone », sur son contact avec l'Occident et la vague d'émigration qu'elle a subie.

13. LERNER D. dans son Talmud-Torah de Meknès : une œuvre intéressante de la Communauté Israélite. Analyse bien Meknès, héritière de nobles traditions Juives, fut un grand centre de culture Juive, un foyer de rayonnement moral et figure au premier plan de l'élite intellectuelle du Judaïsme Marocain, et ce , grâce à son École Talmudique.

14. C’est en 1995 qu’André LEVY défend sa thèse de Doctorat en Philosophie sur les Juifs et réactions par rapport à la fin de l'histoire des Juifs de Casablanca présentée à l’ Université Hébraïque de Jérusalem. Ce travail, centré sur les problèmes liés à l'extinction des Juifs du Maroc, présente ce processus - à travers ses conséquences intra-communautaires, les relations avec la majorité musulmane et les rapports avec des communautés de Juifs originaires du Maroc en Israël et en France - comme un problème empirique et théorique complexe.
Pour ce faire, ce travail concentre sa réflexion sur le concept de "rétrécissement", qui exprime à la fois un processus de baisse démographique et un processus de repli sur soi.

Ce double processus s'accompagne d'une rupture des liens avec la population musulmane d'une part, et du développement de liens aussi complexes qu'ambivalents avec les Juifs de France et d'Israël d'autre part.

L'apport théorique de ce travail consiste en ce qu'il pose l'avenir de la communauté comme problème existentiel central.

Les sociologues ne se sont pratiquement jamais intéressés aux problèmes posés par la liquidation sociale, se penchant plutôt sur la préservation, la reproduction ou le comportement des populations, l'existence même de la population constituant une donnée de base. Mais les faits nous poussent à considérer cette existence même comme un problème social. Plus encore, ce travail n'envisage pas la disparition future comme une fin linéaire et simple mais comme un processus complexe, dynamique et porteur d'orientations multiples et contradictoires. L'examen de ce processus repose sur un travail anthropologique de terrain, qui a été mené pendant 14 mois (de Juillet 1990 à Septembre 1991) parmi les Juifs de Casablanca (qui représentent 70% de la Communauté Juive Marocaine). De ce fait, le problème n'est pas traité de façon abstraite mail il découle du contexte spécifique de la vie des Juifs au Maroc aujourd'hui.

15. Nota sobre la "maflêta" de los Judios de Fez
Sur une pâte feuilletée préparée par les juifs en certaines occasions et signalée par Brunot et Malka, un autre auteur en a retrouvé la trace dans un traité de cuisine arabo-andalou du XIII° siècle, sous le nom de tarïda.  


 

Dr. Arrik DELOUYA (Ph.D-Sociology)
Docteur en Sociologie & Diplômé de l’Ecole Pratique des Hautes 9 arrik.delouya@wanadoo.fr
Les Juifs du Maroc Bibliographie Générale
Résumés Annotations Recensions
Editions Librairie Orientaliste Paul Geuthner Paris 2000